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 Alice du Claux de l'Estoille, pour vous servir ? (fini~)

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MessageSujet: Alice du Claux de l'Estoille, pour vous servir ? (fini~)   Alice du Claux de l'Estoille, pour vous servir ? (fini~) Empty27.02.14 17:56
Alice du Claux de l'Estoille
Nom : Claux de l'Estoille (du)
Prénom : Alice
Age : 16 ans
Nationalité : Française (hum)
Orientation sexuelle : Hétéro aux dernières nouvelles...
Groupe : Me, myself and I
Classe : 1ère année
Club : Journalisme (Le Seika News) [Pourquoi ? Parce que c'est le seul club qui peut lui permettre selon elle d'être connue et populaire dans tout le lycée, puis ça lui donne de l'influence et des raisons pour fouiner partout et poser pas mal de questions. Mais officiellement, c'est "une occasion unique de travailler son japonais et de rencontrer plus d'autochtones en s'investissant localement."
Situation financière : Prétend être l'héritière d'une vieille famille de la noblesse française, et disposant de moyen financier en adéquation avec leur titre.
Baito / Fonction : Travaille dans un bar pas loin de l'établissement "pour avoir des contacts plus directs avec les autochtones et progresser plus vite en japonais". Serveuse en semaine, elle chante également le samedi soir pour toucher quelques extras. (pardon, "pour se rapprocher des clients et faire travailler sa voix")
Logement : Pensionnaire. (Elle préférerait avoir son appart, mais a pas trop le choix...)

Personnage de l'avatar ? Kanon, une Vocaloid de chez Yamaha. :3

Keep a secret ? Et bien toutes les informations marquées ci-dessus par rapport à son identité (sauf son âge) sont fausses : son vrai nom est Yume Fukuda, ses cheveux sont teints, elle porte des lentilles de contacts colorées et elle est comme son vrai nom l'indique japonaise et n'a jamais vu la France de sa vie. Si elle ment ainsi sur ses origines, c'est qu'elle tient à garder secret son passé quelque peu... troublé. Et elle n'a pas tellement envie qu'on puisse la retrouver... (plus de détails dans l'histoire)

En apparence je suis ...
On peut dire qu'Alice fait tout sauf négligée, loin de là : ses cheveux, toujours impeccablement coiffés, sont la plupart du temps rassemblés en une queue de cheval sur le côté. D’aspect ondulé, (elle passe beaucoup de temps dessus pour obtenir cet effet sans que ça fasse artificiel) ils sont également arrangés en quelques mèches rebelles parfaitement maîtrisés au-dessus de son visage pour le style. La couleur de ses cheveux est également travaillée : Un beau blond vénitien quoi que tirant un peu sur le roux, avec un petit dégradé vers le violet vers les pointes. Rien à voir avec les cheveux lisses et ternes qu'elle avait avant, hérités de sa mère japonaise. Ses yeux aussi ont connu un véritable changement : noirs à l'origine, ils paraissent maintenant osciller entre le vert vers le haut et le jaune en bas, ce qui lui vaut pas mal de compliments. Avec tous ces changements et son visage naturellement plutôt européen que nippon, elle passe assez bien pour une européenne, ce qui l'arrange pas mal. Même si elle reste très petite : 1m58... Japonaise oblige. Avec ses 43 kilos, elle est donc assez mince, ce qui combiné à sa petite taille donne une impression de fragilité. Niveau vestimentaire, elle ose tout tant que ça reste stylé : elle fait très attention à ses vêtements, car elle essaye d'être originale sans pour autant être marginale, ce qui est pas forcément évident. En semaine elle s'accommode de l'uniforme du lycée, comme tout le monde, mais ça ne l'empêche pas d'essayer de le personnaliser avec des accessoires comme des badges, ect...

Et à l'intérieur ...
Prétentieuse, arrogante, égocentrique sont des adjectifs qui la définissent bien. Mais attentive, attentionnée et gentille également... Car en réalité, Alice adapte son comportement en fonction de son auditoire : si elle voit par exemple que son interlocuteur est dérangé par ses manières trop bourgeoises, elle va sortir une excuse comme quoi elle a envie de s'affranchir du protocole pour agir de manière plus détendue. Un vrai caméléon, capable de s'adapter à pas mal de circonstances dans un seul but : plaire. Son objectif est de se rapprocher des autres, de les dominer et de les écraser, comme on a pu lui faire auparavant : elle veut frapper avant d'être frappée. De toute façon elle déteste tout le monde, alors ça ne la dérange pas plus que ça de les tourner en bourrique avant de les abandonner. Mais derrière ce côté manipulateur assez malsain, c'est une fille blasée, amère, ne nourrissant plus d'illusions sur ce qui lui réserve la vie. Elle ne croit plus à grand-chose et n'espère plus rien, sinon parvenir à se "venger" sur autrui. Mais parfois, elle dérape, elle peut halluciner, révélant une nouvelle facette d'elle : dans ces cas-là, elle perd totalement le contrôle et se recroqueville totalement dans un coin, se laissant submerger par ses émotions en priant pour que ça s'arrête. D'un certain côté, c'est la preuve qu'elle n'est pas forcément totalement perdue, et qu'elle pourra peut-être avoir une vie plus normale, un jour... Si tant est que quelqu'un lui en donne la force et l'envie.

Once upon a time ...
J'ai toujours été le genre de personne avec qui on fait ami-ami, qui aide gracieusement à faire les devoirs et peut rendre tout un tas de services, mais dont on ne se souvient jamais. Tu sais, la fille sur la photo de classe qui, lorsqu'on te demande qui c'est, ne te dis rien, mais lorsqu'on insiste un peu en te rappelant certains détails, tu t'exclames : "Ah ouais, peut-être..." Puis t'oublies presque aussitôt. Voilà, ce genre de personne. Pourtant, j'avais rien d'un cas social : j’avais aucune tare physique qui aurait pu déranger, je m'habillais de manière normale et j'étais pas moche, et j'étais gentille avec tout le monde. C'était peut-être ça, mon problème : être trop discrète, trop banale, correspondre aussi bien au stéréotype de la fille bonne poire dont tout le monde peut utiliser mais que personne ne considère vraiment comme une amie. C'est peut-être ce que tu avais pensé, aussi, la première fois qu'on s'est vu... Non, c'est très certainement ce que tu avais pensé à ce moment-là. Comme tous les autres.

En fait, je ressemblais beaucoup à ma mère : une femme gentille et douce, pas particulièrement belle mais sans être moche, dont on se sert comme un kleenex : on se mouche avec puis on le jette. Mon père a été le premier à le faire d'ailleurs... Ils travaillaient dans la même boîte, dont il était le PDG, et elle une simple employée qui lui apportait des dossiers de temps en temps... Et elle a cru au coup de foudre (réciproque, hein, sinon c’est pas drôle). Comme si cet homme d'à peine trente ans (donc pas beaucoup plus vieux qu'elle en fait, juste de cinq-six ans), d'origine italienne, riche, à la tête d'une entreprise florissante et marié aurait bien pu s'intéresser à elle ? Mais elle a cru dur comme fer à ses belles paroles, comme quoi il ne savait pas ce qu'il se passait, qu'il était heureux avec sa femme, mais qu'il n'avait jamais ressenti ça avec elle... Que c'était plus fort, plus beau que ce qu'il avait pu vivre avec sa conjointe. Bien sûr. Remarque, t'étais pas mal dans le genre, toi aussi...  Bref, toujours est-il qu'elle avait rapidement cédé à ses avances, elle avait accepté de coucher avec lui malgré qu'il soit marié... Et elle est tombée enceinte, cette cruche. Et comble de l'ironie, quasiment en même temps que sa femme légitime. Marrant, hein ? Toujours est-il que mon père avait quand même eu la décence de pas la jeter tout de suite : quand il avait appris la nouvelle, il avait dit que ce n'était pas grave, qu'il l'aimerait quand même et qu'il resterait avec elle jusqu'au bout. C'était quand même assez classe de sa part, même s’il n’a pas tenu parole au final.
Ils ont continués à se voir sporadiquement, lorsque l'emploi du temps de Monsieur le permettait, pendant six ans au total (ce qui est assez long pour un adultère, je le reconnais), jusqu'à ce fameux jour où il lui annonça que son père venait de mourir. Là, tu dois sûrement te demander : "Mais pourquoi diable est-ce que la mort de son paternel a quelque chose à voir dans une histoire de cul, pardon, d'amour ?", et tu as bien raison. Mais ce que tu ignores, c'est que feu mon grand-père était visiblement à la tête d'un empire (plus communément appelé multinationale) qui visiblement, se transmet de génération en génération à l'aîné de la famille. Plus cliché tu meurs... Et donc Monsieur mon père était donc rappelé de toute urgence dans son fief natal pour succéder à son géniteur. (oui sa belle entreprise qu'il avait au Japon, à côté on s'en foutait) Et Monsieur qui obéit comme un gamin à sa famille et qui fait ses adieux déchirants à sa maîtresse, tu parles... Toujours est-il que ma mère s'est retrouvée comme une conne avec ses deux filles (et oui, parce qu'en plus on est des jumelles, on avait tout pour plaire) alors qu'il rentrait en Italie avec sa vraie femme et son fils légitime... Un beau connard, en somme. Le seul point positif de cette fin un peu catastrophique, c'est que depuis Monsieur envoie chaque mois à ma mère de quoi vivre aisément pendant plusieurs mois, maigre consolation, mais bon. On s'y fait.
Après cette histoire un peu calamiteuse, ma mère nous a élevé seule, tout en restant entichée de son italien à deux balles. Quand j'étais petite, je l'admirais : je pensais qu'elle était digne d'éloge : elle avait "vécu le grand amour" et  jamais elle ne l'oublierait, même à des milliers de kilomètres. Je trouvais ça beau. Ma mère était pour moi un modèle de constance et de fidélité que je m'étais promis de suivre. J'étais dans un délire très... Comment il s'appelle ce livre français déjà ? Ah oui, "Princesse de Clèves". La blague. Comme dit plus haut, j'étais plutôt discrète et effacée, même si ça ne m’empêchait pas d'avoir les bases des relations sociales : fallait juste pas attendre que je lance une conversation, en fait. C’est une des raisons pour lesquelles j'admirais inconditionnellement quelqu'un, encore plus que ma mère : ma sœur jumelle. Elle incarnait tout ce que je n’étais pas : elle allait vers les autres sans aucun problème, elle était super populaire, elle avait toujours le mot qu’il fallait au bon moment, et elle possédait une qualité qui me faisait cruellement défaut : l'audace. Elle n'avait pas peur du regard des autres ni des éventuelles sanctions qu'elle pouvait encourir.
Une fois, elle n'avait pas hésité à arriver au collège avec les cheveux coupés courts, teints et avec des lentilles, alors que tout ça est strictement interdit par le règlement de notre établissement. Faut dire qu'étant dans un village paumé dans la campagne japonaise, l'équipe enseignante était assez conservatrice; mais bon, je ne t'apprends rien. La réaction du corps professoral l'avait tellement fait rire qu'elle a réitéré plusieurs fois l'expérience jusqu'à ce que le proviseur en informe ma mère et menace de la renvoyer, ce qui l'a stoppé net dans ses frasques capillaires. Comme notre mère est très gentille et s'est un peu à nos yeux "sacrifié" pour nous, on évite de la faire souffrir davantage avec nos propres bêtises. Déjà qu'elle attend indéfiniment que son prince charmant revienne pour elle (il lui a promis de venir la voir s’il faisait un voyage d'affaire au Japon)... Tout ça pour dire que du coup, il reste des tas de couleurs pour cheveux et de lentilles de contact colorées dans la chambre de ma sœur, depuis, et qu'elle attend avec impatience le lycée pour les réutiliser. La seule chose qu'elle ait pu conserver est sa coupe de cheveux, puisque "ça met de temps à repousser". Mais bon, personne n'a été dupe...
En fait, plus que de l'admiration, je l'ai beaucoup envié. Pourquoi était-ce si facile pour elle, alors que malgré tous mes efforts je n'y arrivais pas ? Comment se faisait-il que pour elle tout soit aussi naturel, aussi simple et évident, alors que moi je me sentais comme un poisson hors de l'eau ? Comment pouvait-elle être si différente de moi alors qu'on partageait le même génome ? Cette question m'a obsédé pendant une bonne partie de mon enfance... Malgré, tout, il y avait un domaine où je la surclassais, et pas qu'un peu : les études. J'étais naturellement douée pour le travail scolaire, et sans fournir trop d'efforts j'arrivais à obtenir des notes plus que convenables. Ma sœur a toujours eu plus de mal, même si elle comblait un peu son retard grâce au sport, où il faut l'avouer j'étais une vraie quiche. Mais ça ne l'empêchait pas d'être toujours gentille avec moi, et lorsque j'obtenais une meilleure note qu'elle, elle se réjouissait toujours pour moi. Sa gentillesse sans épreuve me surprenait toujours.  Si elle n'avait pas eu cette bonté de cœur hors norme, je crois que je l'aurais haï. C'était peut-être pour ça qu'elle était si populaire, au final. Pas froid aux yeux, mais toujours prévenante, toujours là quand il faut, la partenaire idéale pour les gros délires comme pour les coups de mous. Alors que moi j'étais juste bonne à faire le bouche-trou et à faire les copies des autres. On était finalement plutôt semblable dans le fond, mais quelle différence ça faisait dans la vie quotidienne...
Jusqu'à ce que je te rencontre, toi.
Tu pensais que je t'avais oublié, hein ? Que j'étais partie dans une grande envolée lyrique et égoïste et que je n'allais plus te mentionner ? Ce serait mal me connaître. Comment pourrais-je t'oublier ? Que ce soit avant ou maintenant... La seule personne à s'être soucié de moi. A s'être rendu compte de mon existence. (bon, ma sœur ne compte pas, elle est trop parfaite de toute façon) Le seul à avoir cru en moi, en mes capacités. A penser que j'étais jolie. Que j'étais belle (faut dire qu'à côté de ma sœur et de sa belle paire d'arguments, comme ils disent, je fais un peu ersatz...) Et le premier à vraiment m'aimer. C'était au début de la troisième. Tu m'avais vu traîner seule dans un coin de la cour, et tu étais venu t’asseoir à côté de moi et tu avais engagé la conversation comme ça, sans motif apparent. Tu m'avais posé une question sur la météo, je crois. Un grand classique. Et moi, j'étais dans tous mes états, ne comprenant pas trop ce qui m'arrivait et répondant confusément, rouge comme une pivoine. A partir de ce jour-là, tu es venu tous les jours me voir, au même endroit. Puis tu m'as présenté à tes amis. (parce que toi, tu en avais, au moins...) Et tu avais même fini par m'accompagner pour aller au collège le matin et le soir, quand ma sœur n'avait pas les mêmes horaires que moi. (ce qui arrivait presque tous les jours, vu qu'on était pas dans la même classe et qu'elle allait souvent dormir chez des amies)
J'étais touchée par l'attention que tu me portais. Tu ne peux pas savoir à quel point j'étais heureuse d'être enfin remarquée... D'avoir enfin un véritable ami. Du moins, c'est ce que je pensais. Après quelques temps, tu as commencé à me faire des compliments. Sur ma manière de m'habiller, sur mon visage, ma coiffure, mon comportement, mon intelligence... Et à chaque fois, je rougissais, je bégayais difficilement un merci avant que ma modestie ne reprenne le dessus, mais à l'intérieur je fondais littéralement. La moindre de ces petites remarques suffisait à me transporter sur un nuage. Maintenant que j'y repense, je ne peux pas m'empêcher de penser que tout ça était bien cliché et que je me suis emballée pour rien, et que j'ai été bien sotte d'y prêter tant d'importance (et qu'est-ce que j'étais simple à draguer Mon Dieu, même un pédophile aurait pu le faire), mais à l'époque je vivais presque rien que pour ces moment-là. Rien que pour être avec toi. Plus rien d'autre n'avait d'importance pour moi.
Je ne crois pas qu'à ce moment-là je savais que j'étais folle amoureuse de toi, vu que je n'avais jamais eu de vraie amitié avec personne et que je ne faisais pas de différence entre les filles et les garçons, étant bien loin des préoccupations plus romantiques. Avoir un ami suffisait amplement à mon bonheur. Puis comment aurais-je pu savoir que c'était de l'amour, vu que je n'avais jamais rien ressenti pour autrui sinon de l'envie ou de l'admiration ? Toujours est-il que toi, tu comprenais très bien ce qu'il se passait et que ça t'avais décidé à passer à la vitesse supérieure. Un soir où on était rentré ensemble, au moment de se séparer, tu avais attrapé ma main avant de me tirer doucement vers toi. Surprise, j'ai levé les yeux vers toi et j'ai vu ton regard, si différent de d'habitude. Si... Sérieux et en même temps... Énigmatique. Puis tu as murmuré mon nom. Et là j'ai su. J'ai enfin compris ce que je ressentais vraiment pour toi. Et tu m'as embrassé.
La période qui a suivi a été la plus heureuse de ma vie. Et oui, même maintenant je la considère toujours avec nostalgie. Même après tout ce qui a pu se passer ensuite. Ma vie a été tellement creuse de toute façon que même ce petit instant de bonheur illusoire peut être considéré comme le meilleur moment de ma vie. Enfin bref. Jamais je n'avais espéré être aussi heureuse un jour, et je l'ai été pendant deux mois... Deux mois de pur rêve. Je n'ai jamais aussi bien porté mon prénom qu'à ce moment-là, on dirait... Chaque jour semblait plus beau que le précédent. Mais chaque rêve a malheureusement une fin, et plus beau il aura été, plus dur sera le réveil...

Le début de la fin... Ça a été lorsque cette fille est arrivée. Une fille de Tokyo, venant dans notre collège pendant quelques temps, pour je ne sais plus quelles raisons. Bref, elle ne devait pas rester longtemps. Et pourtant, ça avait suffi pour tout détruire... Si elle n'était pas venue, je pense que tu serais resté avec moi, et qu'à la fin de l'année on aurait été séparés car on devait aller dans deux lycées différents, on aurait vite fait gardé le contact puis tu aurais fini par ne plus m’envoyer de nouvelles. Parfois, je me surprends à imaginer ce qu'aurait été ma vie si rien de tout ça n'était arrivé, si on s'était séparés en bon termes... Mais en même temps, je suis contente quand même d'avoir su. De n'être pas resté dans l'ignorance, de ne pas être restée niaise et inconsciente. Enfin bref, fallait dire quand même que cette fille était canon. Contrairement à toutes les filles du village, elle s'habillait en accord avec la mode de l'époque, ce qui détonnait pas mal avec les vêtements qu'on avait l'habitude de porter. Même son uniforme faisait bien plus classe sur elle... Bon, faut dire qu'elle l'avait pas mal modifié et qu'elle a eu pas mal de problèmes avec l'administration pour ça. Mais quand même, on voyait bien qu'elle venait de la "ville" et qu'à côté on faisait bien campagnarde... Évidemment, à son arrivée, presque tous les garçons du collège ont flashés sur elles, ce qui est compréhensible... Le problème étant que toi aussi, tu n'étais pas totalement insensible à son charme, tu te souviens ?
Le jour de son arrivée, j'ai bien vu que ton comportement était différent de d'habitude : tu étais plus distant, plus froid avec moi, et ton regard était littéralement rivé sur elle. Bien entendu, je trouvais milles excuses à ton comportement : tu étais sûrement fatigué, c'était normal de s'intéresser à la nouvelle venue après tout, puis je devais être lourde à force de toujours vouloir être avec toi, au bout d'un moment c'était compréhensible que tu veuilles être un peu moins collé à moi... (Je m'écrasais comme une merde à l'époque, c’est pas croyable... J'aurais fait une bonne esclave, non ? Le pire, c'est que si tu me l'avais proposé, je sais pas si je t'aurais répondu non à ce moment-là.) Puis les jours passant, force était de constater que la situation ne s'améliorait pas... Pire, elle se dégradait : je te voyais de moins en moins souvent, tu commençais carrément à m'éviter et les fois où je te voyais tu avais plutôt tendance à me rembarrer plutôt qu'autre chose. Les rares fois où tu acceptais qu'on reste ensemble (même si ça durait jamais trop longtemps, j'aurais été trop peinée de te faire perdre ton précieux temps, n'est-ce pas ?), l’ambiance était pesante, même si on continuait malgré tout à faire ce qu'on faisait avant, mais le cœur n'y était plus... Du moins de ton côté. (Enfin, si jamais tu y as mis du cœur, ce dont je doute fort)
Tout cela me pesait horriblement... Je n'arrêtais pas de chercher où est-ce que j'avais pu commettre une erreur, où est-ce que j'avais compromis notre bonheur... (Enfin le mien, mais c'est secondaire...) Mais je n'avais aucune réponse à ces questions. Une seule évidence : tu m'échappais, et si je ne faisais rien, bientôt il n'y aurait plus grand chose entre nous... Et ça, jamais je ne pourrais le supporter. J'en étais convaincue. Alors un jour, sans que je sache trop comment, j'ai réussi à prendre mon courage à deux mains et à aller voir la fille qui était à l'origine de mes tourments et (ô miracle) je lui ai tout raconté, quasiment. Enfin, tout ce qui la concernait. Qu'est-ce que j'espérais, franchement ? Qu'elle me dise "Oh je suis désolée, je ne savais pas, je vais lui dire de rester avec toi et tout rentrera dans l'ordre" ? J'agissais vraiment comme une gamine... Mais surprise, elle m'écouta avec attention et sans m'interrompre et m’annonça que de toute façon, son retour à Tokyo avait été avancé. Son grand-père était malade, apparemment. (Décidément, encore le prétexte du grand-père... Il semblerait que ce soit la dernière mode, à Tokyo) Elle me souhaita également que les choses s’arrangent avec toi et beaucoup de bonheur ensemble. Encore une fille parfaite, comme ma sœur... Curieusement, l'amalgame s'est fait dans ma tête. Et bien que me sentait terriblement soulagée par ce qu'elle venait de dire, je ne pouvais pas m'empêcher de sentir aussi une pointe de jalousie, pour la première fois. Pourquoi est-ce qu'elles avaient tout, et moi rien ?
Enfin, j'étais heureuse que la situation soit arrangée : une fois repartie à Tokyo, tu n'aurais plus aucun moyen de la recontacter, et tu reviendrais naturellement vers moi, après l'avoir oublié... C'est sûrement ce qui se serait passé si il n'y avait pas eu un imprévu : je l'ignorais, mais un de tes amis avait observé ma discussion avec la tokyoïte, et était venu t'en parler. C'est pourquoi, le jour de son départ, tu étais venu me trouver à la sortie de ma salle de classe, en me demandant froidement pourquoi est-ce que j'étais allée la voir. Sortant à peine d'un cours de maths assez complexe, je n'avais pas compris tout de suite pourquoi tu me posais cette question; et devant mon incrédulité, tu avais agrippé mon poignet et tu t'étais mis à le serrer fort, très fort, tout en répétant lentement ta question. On était loin du romantisme des premiers jours... Lorsque je compris enfin de quoi tu parlais, je t'ai alors raconté la vérité comme la cruche que j'étais. J'aurais pas pu mentir, inventer un prétexte bidon, comme l'aurait fait n'importe quelle fille à ma place ? Et bien non, j'ai voulu être honnête, me tenir à la conduite si respectable qu'observait ma mère, et évidemment le résultat ne se fit pas attendre...
C'était la première fois que tu me frappais. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'on en arriverait là un jour... J'avais posé ma main sur ma joue, mettant du temps à réaliser ce qui m'arrivait, alors que mes larmes commençaient à couler toutes seules. Même si mon attention était entièrement focalisée sur toi, je sentais quand même le regard pesant des gens autour de nous, qui s'étaient tus, attendant la suite. (Bah faut dire que c'était pas très malin de ta part d'être venu me faire ta scène devant toute ma classe, plus les éventuels passants... Mais bon, je suppose que c'était voulu, hein ?) Je ne te reconnaissais plus. Tu étais méconnaissable, avec ton regard furieux et ton visage déformé par l'émotion. Où était passé le garçon aimant et délicat que j'aimais ? Avait-il jamais existé, d'ailleurs ? Je ne sais pas pourquoi tu t'es senti obligé de tout sortir ce jour-là, de tout m'avouer alors que ça faisait si longtemps que tu me mentais... Tu aurais pu me plaquer, là, comme ça pouvait se passer pour n'importe quel couple de collégien, et l'histoire aurait été close...Mais tu as préféré m'avouer la réalité. Et pas parce que tu te sentais coupable de m'avoir menti, j'en suis sûre... Par désespoir, peut-être. De ne jamais la revoir et de se retrouver impuissant avec une plante verte dont tu ne voulais plus. Ou par haine, peut-être. Pour te venger de la discussion que j'avais eue avec elle, juste avant son départ. (Si c'était bien de la haine, tu aurais finalement ressenti quelque chose pour moi au final, ce serait déjà ça...)
Et tu me l'as dit d'un ton si froid. Si indifférent. Presque content de briser mes rêves d'amour réciproque et tout le tralala. Un pari ? Je m'étais effondrée devant toi, tombant à genoux sans oser te regarder en face. Je me souviens que je tremblais comme une feuille à ce moment-là, alors que je pleurais toutes les larmes de mon corps. Alors c'était ça, ce que je valais à tes yeux ? Un pari passé avec tes amis, à celui qui se caserait le plus vite, et celle que tu avais jugé la plus facile à séduire... N'était autre que... Moi... J'étais donc si insignifiante ? Si influençable ? Dire que j'y avais cru... J'y avais vraiment cru. J'étais tellement heureuse, alors que toi tu t'en foutais. C'était donc ça, ce que j'étais vraiment ? La fille bonne poire, facile à séduire et qu'on jette sans remords dès qu'on trouve mieux ? J'avais mal, tellement mal...
En rentrant chez moi, alors que je n'avais qu'une envie, celle de m'effondrer dans mon lit et déprimer en paix, je suis tombée sur ma sœur, le sourire aux lèvres et visiblement surexcitée. Dès qu'elle me vit, elle se précipita sur moi avant de commencer à parler à toute vitesse, ayant du mal à contenir son excitation. Je faisais mon possible pour sourire, même si le cœur n’y était pas vraiment. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète, pas tout de suite. Finalement ce n’était pas forcément si mal qu'elle m'ait intercepté, je pouvais peut-être me confier à elle... Elle m'écouterait, elle. Visiblement, son excitation était due à la présence d'une certaine personne, qu'elle voulait me faire rencontrer. Bon pourquoi pas, après tout c'était rare qu'elle veuille me faire rencontrer ses amies... Puis ça me permettrait peut-être de me changer les idées après... l’événement de la journée, disons. Je la suivis donc dans le salon, où attendait son invitée...
Qui était un invité, au final. Je la regardais avec stupeur. Elle ne traînait jamais avec des garçons, habituellement... Puis j'avais assez vu de la gente masculine pour la journée. Et là, toute contente, ma sœur m’annonce avec fierté que ledit invité est en fait son petit ami, que maman l'a déjà rencontré et qu'elle est d'accord pour qu'il passe les vacances avec nous. Et elle s'empresse d'ajouter que je pouvais bien évidemment te demander de venir aussi pour éviter que je me sente trop seule... Quelques secondes plus tard je m'étais déjà enfermée dans ma chambre, alors que ma sœur m'avait suivi inquiète, en me demandant naïvement qu'est-ce qui n'allait pas à travers la porte. J'attendis qu'elle renonce avant d'exploser en larmes tout en serrant contre moi ma peluche préférée. (Qu'est-ce que je peux faire gamine, des fois... Affligeant) Terminé, les tentatives de confessions. A la place me restait une profonde jalousie envers ma frangine, et même un début de haine qui ne ferait qu'empirer.

Ce fut le début d'une période horrible pour moi, la pire de ma vie sûrement (Et oui, la roue tourne vite chez moi). Au collège, tout le monde était au courant de ma mésaventure, et ça jasait dans les couloirs lorsque je passais... Même au sein de ma propre classe, on ne se gênait pas. Moi qui avais toujours eu du mal à trouver ma place et avoir de vrais amis, le semblant de vie sociale que je m'efforçais de maintenir s'écroula comme un château de cartes du jour au lendemain. Au début, on se contentait juste de murmurer lorsqu'on me voyait, j'entendais un ou deux rires de temps en temps, mais pas beaucoup plus. Au fur et à mesure, les gens se sont autorisés de plus en plus de choses jusqu'à se foutre ouvertement de ma gueule.
Mais le pire était sans conteste ton attitude envers moi... Avec le recul, ça me surprend d'ailleurs, d'avoir continué à essayer de te voir. Je devais avoir des pulsions masochistes, qui sait... Pour réussir à penser que tout ce qui nous arrivait était de ma faute, je devais être déjà sacrément dérangée. Je ne pouvais m'empêcher de penser que ma discussion avec elle avait sûrement dû l'influencer dans sa volonté de revenir à Tokyo, et qu'il était normal que tu m'en veuilles énormément pour ça... (C'est ça ma fille, écrase-toi encore plus, encore un peu et tu feras une magnifique crêpe...) Donc dès le lendemain, je suis revenue vers toi pour m'excuser. (Rappelez-moi qui a baffé qui déjà ?) Et dès le lendemain a commencé notre nouvelle relation. Oh, rien à voir avec l'histoire à l'eau de rose qu'on avait avant, non. Non, là c'était plus une relation dominant/dominé. Tyran/persécuté. Un truc bien malsain, quoi.
J'étais devenu ton exutoire. Ton moyen d'exprimer toute ta haine envers moi et ta frustration d'avoir été privée de ta bien-aimée. (Quoique pour le "bien", je suis pas sûre...) Au début c'était pas bien méchant, juste deux trois reproches oraux, puis évidemment comme tout dans ma vie, c'est allé de pire en pire. Tu m’humiliais constamment en public. Tu me frappais de plus en plus. Tes mots étaient de plus en plus durs. Et je ne disais rien. Je supportais tout ça, sans savoir jusqu’à quand je pourrais bien tenir, sans jamais en parler à personne... Et surtout sans que personne ne le remarque, ou s'en soucie, ce qui est peut-être plus approprié. Au fil du temps, d'autres garçons te rejoignaient pour t'"aider", parce que ça avait l'air drôle... Et je ne disais rien. Parce que malgré tout, je t'aimais encore.
C'est à cette période-là que j'ai commencé à... Comment dire... Avoir des problèmes : au début, j'avais juste l'impression que le monde n'avait aucun sens. Je ne comprenais pourquoi tout était contre moi, pourquoi on s'acharnait sur ma pauvre petite personne. J'avais l'impression d'être déphasé par rapport à tout le monde... D'être physiquement là, mais d'avoir l'esprit complètement ailleurs. Puis j'ai commencé à halluciner. Et quand je dis halluciner, c'est vraiment halluciner, lorsque tu commences à voir des trucs qui n'existent pas et que t'es bien le seul à voir... Ouais, un peu comme quand t'es défoncé, je suppose. Sauf que moi ça me le faisait de plus souvent. Et j'ai jamais touché à de la drogue. Autant parfois c'était totalement illogique et bizarre (j'ai déjà vu des mini-bonhommes bleus sortant de la poubelle essayer d'attacher mes lacets ensemble pour me faire tomber. Si, je vous assure. J'ai failli trébucher en plus...), autant des fois ça se rapportait à ce que je pouvais vivre au collège, et là c'était l'horreur. Car j'ai le regret de t'annoncer que mon imagination n'a pas de limite... Et lorsque c'était un mixte des deux, c'était encore pire. Lorsque ça m'arrivait, je me terrais dans un coin et je me mettais en position fœtale en attendant que ça passe, tout en m'auto-suppliant pour que ça cesse... (Ça fait bizarre dit comme ça, mais bon, sur le moment tu fais pas gaffe.) Puis il avait la voix aussi. Celle qui n'arrêtait pas de me dire que j'étais minable et qu'il fallait que ça cesse. Elle me parlait, de plus en plus. Mais je faisais de mon mieux pour l'ignorer.
Bref, plus le temps passait, et moins je supportais la situation... Je déprimais, je mangeais de moins en moins et je me refermais de plus en plus sur moi-même. Ma sœur et ma mère s'étaient bien aperçues que quelque chose n'allait pas, mais je ne voulais pas de leur compassion. Ma mère, d'abord, parce qu'elle me rappelait trop moi-même, dans sa manière de se comporter, et ça m'insupportait. Ma sœur, ensuite, à cause de sa perfection. Elle était trop belle, trop gentille, trop attentionnée... Elle incarnait exactement ce que j'aurais voulu être et ce que je ne serais jamais. Je lui en voulais d'être parfaite. Je lui en voulais d'être ma jumelle et d'être infiniment plus heureuse que moi. Je lui en voulais d'avoir réussi là où j'avais lamentablement échoué. Je lui en voulais d'être une des seules à se faire du soucis pour moi alors qu'elle était tellement comblée dans sa vie. Je lui en voulais de ressembler à cette fille qui t'avait séduite. J'avais fini par la haïr, au final, alors qu'auparavant je l'admirais. Curieux, non ? Comme quoi, l'amour fraternel...
Puis un jour, j'ai fini par craquer. Je ne sais plus trop pourquoi, d'ailleurs. La fois de trop, sûrement. J'étais encore avec toi, dans un coin un peu retranché de la cour de récré (là même où on s'était rencontré, quelle ironie...), et tu me rabaissais, comme d'habitude, avec deux ou trois copains qui rigolaient en trouvant ça drôle. Bizarrement, ce jour-là je me sentais particulièrement mal, alors que normalement ça ne me faisait plus grand chose, au vu du nombre de fois où tu avais pu me dire des choses pas très élégantes à entendre. Bref, je sentais que quelque chose n'était pas normal. Puis tu m'as dit quelque chose de particulièrement méchant (je ne me souviens plus quoi, je commence à avoir des pertes de mémoires dernièrement... C'est assez préoccupant.), et la voix m'a à nouveau parlé. Tout devenait flou, irréel autour de moi, même ta silhouette qui ressemblait vaguement à quelque chose, alors que la voix me répétait qu'il fallait que je danse, que je devais danser avec toi... Et j'ai dansé...
J'ignore ce que j'ai fait par la suite. Ça reste encore très flou pour moi, et j'ai du mal à me souvenir des événements de cette journée... Toujours est-il que je me souviens par la suite d'une reprise de conscience, entourée d'une foule d'élèves qui n'était pas là avant et de professeurs, horrifiés, qui me regardait. Pourquoi avaient-ils l'air si choqués ? Lentement, je baissais la tête, alors que les derniers éléments de mon délire disparaissaient de ma vision... Avant de te voir, à terre, inconscient, gisant dans ton propre sang.
J'ai hurlé ton nom. Puis noir total.

Tout s'est passé très vite, après. Tu as été transféré à l'hôpital. J'ai été convoqué chez le proviseur, puis j'ai été amenée chez un psychiatre à des kilomètres de chez moi. (Et oui, c'est un des inconvénients de vivre dans un petit village paumé au milieu de nulle part... Enfin) Il m'a diagnostiqué une schizophrénie paranoïde. (Parce que visiblement, être schizophrène c'est pas avoir plusieurs personnalités, c'est plus compliqué que ça... Mais si tu savais comment je m'en fous) Il a dit à ma mère que mon cas pourrait dégénérer et qu'il serait préférable de m'interner. Elle a refusé. Après avoir essayé d'insister, le psychiatre lui a répondu qu’heureusement, c'était une forme de la schizophrénie qui réagissait le mieux aux traitements, et que si je prenais des médicaments adaptés je pourrais avoir une vie presque normale, mais qu'il fallait pour ça que je suive rigoureusement mon traitement. Elle a accepté, et elle a assuré qu'elle ferait en sorte que je le suive correctement. Et elle m'a ramenée à la maison. En chemin, on a eu un appel de l'hôpital. Ils nous informaient que tu étais dans le coma et qu'on ne savait pas quand tu te réveillerais. Je suis monté dans ma chambre. Et pour la première fois depuis des heures, je suis sortie de mon état d’hébétement. J'ai pleuré comme jamais.
Les jours suivants, lorsque je suis retourné au collège, j'ai eu l'impression que c'était pire qu'avant. Oh, on ne se moquait plus de moi quand je passais, et plus personne n'osait m'importuner, ça non. Si seulement. Ils avaient juste trop peur de moi pour ça... Tout le monde savait ce qui s'était passé. Et sans que je sache comment, ils étaient au courant pour ma "maladie", bien que je déteste utiliser ce terme. Quand j'arrivais dans une salle, tout le monde se taisait et ne restait qu'un silence de mort... J'ai reçu plusieurs lettres anonymes à cet époque-là. Des lettres qui me demandaient de quitter l'établissement. Qui me disaient que j'étais une folle dingue bonne à interner. Et qu'après toi, qui était le suivant sur la liste ? J'ai beaucoup été blessée par ces lettres. D'autant plus parce que ce qu'elles écrivaient sur moi étaient vrai. Certes, grâce à traitement, c'était beaucoup mieux qu'avant, mais il m'arrivait encore d'halluciner par moment... Quelques rares fois, seulement quand j'étais seule, et c'était bien moins grave qu'avant, mais qu'est-ce qui me disait que ça n'empirerait pas ? Même les professeurs et ma propre mère me craignaient, quoiqu'ils en disent. Il n'y avait que ma très chère sœur qui semblait ne pas s'en soucier... Il semblait même qu'elle était plus douce et plus gentille avec moi qu'avant. Et je rageais de savoir qu'elle était la seule personne à réagir de cette façon.
La situation telle qu'elle était me stressait de manière disproportionnée. Je faisais parfois des crises d'angoisses. Je continuais à déprimer. Au collège, lorsque je voyais les autres élèves qui s'écartaient à ma vue, qui se collaient au mur en me regardant comme si j'étais une possédée, je mourrais d'envie de leur hurler dessus, de leur crier que je n'allais pas les bouffer et que c'était en réagissant comme ça qu'ils me donnaient envie de les frapper tous, mais je me contenais, et ça me rendait folle. J'ai beaucoup réfléchi, pendant cette période, faute de mieux. Et j'en ai conclu que tout était faux, dans ce monde. Que l'amitié, l'amour, la fraternité et toutes ces belles valeurs ou sentiments qu'on vous érige en modèle ne se basent que sur du vent. Les gens ne sont qu'intéressés. Ils ne sont mus que par leur égoïsme. Et si on ne veut pas être déçu par eux, il faut savoir se placer au-dessus de tout ça et être meilleur qu'eux qu'à ce magnifique jeu que sont les relations sociales. Et j'en avais marre d'être toujours la dernière. Il était grand temps que je me reprenne en main et que je rattrape mon retard. Pour pouvoir les prendre à leur propre jeu.
La gentillesse, la résignation et la fidélité, ça ne sert qu'aux naïfs qui veulent bien se faire manipuler. Ce n'est plus mon cas. Et il était clair qu'il serait difficile de repartir à zéro dans ce village où tout le monde me considère comme une tarée potentiellement dangereuse; je devais changer d'air, partir ailleurs, loin d'ici. Et je devais faire table rase de mon passé. Pas question qu'on puisse fouiller et découvrir ce que j'ai pu être avant. Tu conviendras que ça nuirait pas mal à ma nouvelle vie, si on découvrait qu'en réalité j'étais une schizophrène qui s'est fait marcher sur les pieds par tout le monde avant de péter un câble et d'envoyer un mec à l'hosto, qui s'est toujours pas réveillé. J'ai donc cherché une nouvelle identité, radicalement différente de ce que j'étais, pour renaître totalement et oublier à quel point j'avais pu être misérable. J'étais partie du principe que plus gros ça serait, plus ça avait de chances de passer. J'ai donc décidé de me faire française (pourquoi pas, c’est classe la France, puis je risque pas d'en croiser beaucoup au Japon...) et de me choisir un nom bien noble (j’ai carrément pris un vrai nom d'une vraie famille noble qui a vraiment existé... Bon, vu qu'ils ont l'air d'être tous morts, je devrais pas avoir trop de problème), un prénom qui va avec (celui que j'ai choisi veut dire "Qui descend d'une noble lignée"...Classe hein ?) et évidemment, un nouveau look. Parce que tu conviendras que telle que j'étais avant je faisais tout sauf Française... Sauf mon visage, peut-être, hérité plutôt de mon papa. (Que je remercie d'ailleurs, c'est bien la seule chose de bien qu'il m'ait apporté dans la vie celui-là).
Ainsi, un jour où ma mère et ma sœur étaient parties faire un truc, je me suis introduite dans la chambre de ma sœur, là où elle rangeait ses teintures et ses lentilles. J'ai regardé ce qu'elle avait, et j'ai choisi ce qui me semblait faire le plus européen de tout... Après avoir réussi à teindre mes cheveux et avoir mis les lentilles, je me suis regardée dans la glace : C'est clair que ça changeait pas mal. J'étais un peu déçue de la couleur, parce que je m'attendais plutôt à un vrai blond, mais bon, au final c'était pas plus mal. Mais mes cheveux étaient trop lisses, ça faisait trop japonais... Quelques heures de combats avec le fer à friser plus tard, j'étais enfin fin prête. Vraiment méconnaissable...
J'ai fait vite fait mes valises, de toute façon j'emportais pas grand-chose, à part une grosse partie de l’argent présent sur le compte bancaire de ma mère. Vu les prodigalités de mon géniteur, ça ne devrait pas trop les déranger.  J'avais réservé un ticket de train pour Tokyo, histoire de m'éloigner le plus possible de chez moi. Peut-être que je croiserais cette fille, qui sait... J'avais déjà choisi dans quel lycée aller. Seika, un lycée pour riche, pour rester dans le personnage. Je suis sensée être une grosse bourge française, après tout. Mais avant de partir, j'avais besoin de t'écrire quand même cette lettre. Tu dois te demander pourquoi, non ? Pourquoi, après tout ce que tu m'as fait ? J’avoue que je l'ignore. Pour m'aider à tourner la page, peut-être. A t'oublier, même si je doute vraiment t'oublier un jour. A accepter l'idée de ne plus jamais te revoir et à passer à autre chose, du moins.
Je suis venue te voir, une dernière fois. Tout le monde dort, à cette heure-ci, et tu sembles si paisible sur ton lit d'hôpital. Je meurs d'envie de te remettre cette lettre, mais je ne peux pas. Vu que tu n'es pas conscient, n'importe qui pourrait la retrouver et la lire. Alors je l'emporte avec moi, sans savoir si je te la donnerais un jour. Mais je voudrais malgré tout que tu saches que même si ton comportement a été clairement blâmable par la suite, tu m'as quand même permit de vivre les deux plus beaux mois de ma vie. Et tu m'as ouvert les yeux. Donc même si j'aurais très certainement du mal à me remettre du mal que tu m'as fait... Merci. Je pense que je n'aurais pas supporté d'être un paillasson toute ma vie.
Bon, cette fois je vais vraiment y aller... Un jour, je reviendrais, peut-être. Je te reverrais, on parlera du passé sans complexe et on se réconciliera. Peut-être. Si tant est que tu te réveilles un jour. Mais je ne pense pas que ce jour arrivera. Je n'ai plus assez foi en l'humanité pour y croire. Toujours est-il que je peux quand même en rêver...
Le joueur
Prénom / Pseudo : Shin
Age : 17 ans
Ancien ou nouveau ? Nouvelle~
Comment avez-vous connu le forum ? Grâce à Axel De Lukas (je suppose que ça fait de lui mon parrain ?)


Dernière édition par Alice Claux de l'Estoille le 30.03.14 20:31, édité 3 fois
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