| | | Saitô HibikiGougnafier• Messages : 950 • Yens (¥) : 318 • Date d'inscription : 02/09/2013 Carte IDAge: 26Classe / Job: Prof de sport / Athlète pro / VendeurLogement: Garage Shibuya | |
| Sujet: Saitô Hibiki, la légende 09.09.13 15:43 | | Saitô Hibiki Nom : Hibiki Prénom : Saitô Age : 21 Nationalité : 100% japonais, mais on ne dirait pas Orientation sexuelle : Hétérosexuelle Groupe : I am a hero ! Classe : 1ère année de Prépa Club : Karaté (capitaine - manager - enseignant) Situation financière : Aussi musclé que riche. Baito / Fonction : Vendeur de voiture de luxe à Shibuya Logement : Chez lui à Shibuya. Keep a secret ? Après ses années dans la rue, Saitô a conservé de nombreux contacts avec la mafia. Il est très connu dans le quartier de Shibuya, et pas forcément pour les bonnes raisons. Il est chef d'un gang nommé les Heaven's Crows, dont l'emblème est le corbeau que lui et ses meilleurs amis ont tatoué sur l'omoplate gauche. Mais si tout cela est du domaine du publique, bien qu'il évite d'en parler, ce qui est moins connu est le fait qu'il s'est déjà isolé en montagne, seul, pendant plusieurs mois, afin de perfectionner son Karaté. En apparence je suis ...Saitô est plutôt grand et bien bâti malgré ses origines nippones. Il doit son physique à sa pratique courante du sport et à sa taille, héritée de son père : plus d’un mètre quatre-vingt-cinq. Musclé, élancé, il s’habille toujours avec classe, sans toutefois s’imposer de style prédéfini. Pantalon vert militaire, jean et chemise de marque, T-shirt de sports… Il porte tout avec aisance et ne se laisse jamais enfermer dans une catégorie vestimentaire définie. Saitô met parfois quelques bijoux, colliers ou bracelets en tout genre. Les seuls objets récurrents qu’il porte sont ses boucles d’oreilles, nombreuses, et ses lunettes de soleil, qu’il refuse de quitter, quel que soit la situation. De fait, il est presque impossible de le voir sans. Il s’agit d’une sorte de privilège. Il arbore toujours une coiffure en bataille. Ses cheveux sont blonds, sans doute légèrement décoloré, mais sans quelconque vulgarité. Ses yeux sont dans une gamme de couleur située entre le vert et le marron. Il a en outre un tatouage sur l’omoplate gauche. Pour ce qui est des marques distinctives, sachez qu’il n’a aucune cicatrice véritablement visible sur le visage. Un œil averti verrait peut-être une marque sous un sourcil, mais par chance ou par miracle, il a su préserver son visage avenant, qui lui sert à approcher la gente féminine sans problèmes. Sur le torse toutefois, c’est une autre histoire. Il en a plusieurs, dont certaines résultent manifestement d’un coup de couteau, jamais dans des endroits vitaux. Sa véritable marque distinctive est plutôt sa quantité de muscle, forgée par la pratique du Karaté, à devoir encaisser les coups les uns après les autres. Et à l'intérieur ...Saitô est un beau parleur, est franc et ne manque pas une occasion d’exprimer son point de vue. Sûr de lui, il ne craint pas l’affrontement. Il accepte de reconnaître s’il a tort, même si cela lui en coute. Il déteste parler de lui, et déteste aussi entendre les gens parler de lui. Les histoires des autres n’intéressent que sa curiosité. S’il n’est pas le plus intelligent, il est tout de même logique et perspicace grâce à sa formation sur le tas de commercial et sa vie de désœuvré dernièrement. Sa vision du monde est semi manichéenne. D’abord il y a lui, puis les personnes qui comptent pour lui. Ensuite viennent les « neutres » : des personnes qu’il aurait pu croiser, dont l’importance dans sa vie est nulle. Et enfin viennent les « autres ». S’il ne leur donne aucune amitié ni inimitié, il en garde toujours mémoires. Les « autres » peuvent virer à tout moment dans les neutres, les amis, ou en ennemis. Saitô considère l’amitié comme quelque chose de sacré. Il défend ses amis (ce qui ne constitue pas une tache ardue, vu leur nombre restreint), les amis de ses amis, les amis de ceux-ci… Habitué des soirées, Saitô éponge particulièrement bien l’alcool, notamment la Tequila. Il est aussi un incorrigible dragueur, aidé par son charisme, sa tchatche naturelle et l’argent qu’il dépense sans compter. Saitô ne manque toutefois jamais de respect aux filles, qu’ils les allongent ou non. S’il n’a pas fait que des actions légales dans sa vie, Il n’est pas un délinquant pour autant. Il a un profond sens de la justice et ne supporte pas les mauvais comportements. Cela ne l’empêche pas de faire des excès de vitesses, de se battre en boite ou de menacer des personnes qu’il aurait rangé dans la catégorie « autres » Sa confiance inébranlable lui permet d’aborder facilement les gens, mais ne collectionne pas les amis. Sa nature solitaire et son comportement global le fait plus paraitre comme un solitaire, fidèle à ceux qu’il apprécie, qu’à un ami récurrent dans un groupe. Son air solitaire cache toutefois une grande fidélité à ceux qui comptent pour lui. Once upon a time ...Une fois n’est pas coutume, le mieux est de commencer par le résumé final. Il ne s’agit pas de gâcher le suspense, mais de brosser le portrait de celui qui s’est élevé lui-même à Shibuya. Les gens me demandent souvent si je connais Saitô. Bien sûr que je connais Saitô. Je l’ai rencontré par hasard, au détour d’une sortie en boite. J’avais bu, sans toutefois me rendre ivre, mais je cru pourtant l’être, lorsque le type plus jeune que moi, que j’avais vu boire verre sur verre au bar, étala trois mecs au milieu de la piste de dance. Ce qu’il y avait de beau, me dis-je alors, c’est qu’il n’y eut presque aucun mouvement de foule, ni que personne ne vint s’en prendre à lui. Les videurs se contentèrent de finir ce qu’il avait commencé, alors qu’il repartait boire. Lorsqu’il m’aborda à la sortie, je n’en menais pas large. Je savais me battre, et à 22 ans, je n’étais pas encore un vieux. Mais je le sentais pas ce coup-là. Il m’a demandé une clope, et est parti. Je l’ai recroisé, souvent. Et je l’ai regardé créer sa bande, son gang, son espace privé, qui sur les cartes s’appelait Shibuya. Le jour il vendait des voitures de luxe. La nuit, il tchatchait des nanas toujours différentes. Parfois il parait en vacance. Jamais inactif, et toujours plus impressionnant, c’était ça Saitô. Quand il a dit qu’après avoir mis ses études en pauses, il voulait reprendre, on a tous souri. Jusqu’à ce qu’on se souvienne qu’il était toujours sérieux. Et quand les gens, voyant l’insigne de corbeau sur ma voiture, me demandent si je connais Saitô, ce n’est pas peu fier que je peux dire « Ouais, c’est un bon pote. »
Arana Teppei Un jour, on était posé tranquillement chez moi, à boire quelques canons, quand j’ai demandé à Saitô pourquoi on n’était pas en boite à enchainer les canons. Il m’a réponde que « Demain, c’est compet’, donc pas de picole ! ». Alors, nous nous sommes rendu compte qu’on le connaissait peu. Et au fil de la soirée, nous en avons appris bien plus que pendant plusieurs années.
Ses origines, si elles ne sont pas obscures, restent toutefois un sujet peu abordé. Son père vend des voitures de luxe et de collection. De fait, Saitô ne manque pas d’argent – son père a toujours subvenu à ses besoins, et de fil en aiguille, l’enfant a su hérité des dons de commerçants de son paternel. Par le passé, il a déjà vendu en lieu et place de son père, et a même envisagé de tenir lui-même un garage. De l’argent, de belles voitures, un physique ravageur… C’était une vie rêvée pour beaucoup de jeunes. Saitô a refusé tout ça. S’il affiche sans complexe, ni même y penser, qu’il a de l’argent, il ne parle pas de sa famille, ni encore moins de son passé. Il ne profite pas de l’argent de sa famille comme d’autres le feraient. Si les dépenses courantes sont totalement assurées par Mr Hibiki, Saitô travaille, à sa façon, pour assurer des dépenses annexes. Son côté débrouillard quant-à ce genre d’activités lui vint de ses activités post-diplôme. Sa scolarité fut tout ce qu’il y eut de plus normal. En voyages durant les vacances, accompagnant son père, Saitô a toujours mené la vie qu’il voulait. Club de sports, jeux, sorties, rien ne lui était refusé, et dans le cas contraire, il savait toujours s’arranger. Saitô s’est donc retrouvé de lui-même un fier-à-bras moderne. Il est en outre habitué au mode de vie à l’occidentale, et parle couramment anglais. Arrivé au lycée, Saitô a toutefois été confronté aux problèmes de l’adolescence les plus courants : ostracisme et exclusion. Seul, sportif, riche et quelque peu antipathique, il s’est fait très peu d’ami. Heureusement pour lui, son comportement solitaire et asocial était protégé par une pratique intensive du Kyokushin. Les années lycées furent difficiles, et il apprit sur le tas beaucoup de choses, dont principalement le combat à plusieurs contre lui. Il finit par quitter le lycée, diplômé dans la moyenne, et bien plus habile avec ses poings qu’avant son entrée. Ses histoires de lycées ne lui laissèrent que peu de bons souvenirs. Il y a découvert le gout des filles, de la boisson et des soirées. Le lycée lui ayant passé le gout des études, Saitô pris parti de mener une existence de débauche tant qu’il en avait l’occasion, et abandonna les études. Ne souhaitant pas vivre exclusivement de l’argent de son père, le jeune homme divisa son emploi du temps : un tiers était consacré au travail et à la vente de voiture, un autre tiers consacré aux sports qu’il a toujours affectionnés, et le dernier tiers (et non le moindre) fut consacré au sortie dans des clubs plus ou moins branchés, plus ou moins bien fréquentés. Ces années là permirent à Saitô de créer des contacts intéressants dans plusieurs milieux. Touche à tout, Saitô a tenté de se faire un nom dans plusieurs domaines : les compétitions de Karaté (mais les règles et l’encadrement suffirent à le décourager, car il avait perdu l’habitude de ce genre de règles), le jeu vidéo (son seul tournoi fut un échec où seuls ses poings parlèrent), voir même la musique (dont il ne restera toujours juste qu’un grand amateur).
Finalement, Saitô décida de lui-même de retourner à ses études. Après tout, si au lycée il avait pris des coups, il y avait peu de chances qu’il en reprenne à son âge… Et même si cela devait arriver… Il n’était pas le plus mauvais.
Koji Teriyaki
CE QUE L’ON SAIT DE LUI FACILEMENT
Saitô… Originaire de Tokyo, il n’a jamais été bavard quant-à ses origines. Son père est vendeur de voiture de luxe, généralement importée des Etats-Unis ou d’Europe. Il a quelques fois voyagé avec ce dernier, mais ne fais guère mention de ces détails de sa vie. Il ne manque pas d’argent, et le fait savoir involontairement. Il ne se pose simplement pas la question. S’il décide de payer pour une nuit dans un hôtel de luxe, il le fait. Il est pour le reste généreux et dépensier. Une pause dans les études après le lycée, quelques années passées à travailler et à faire la fête, Saitô n’a pas sa langue dans sa poche (il approche de l’archétype du commercial dragueur) et ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Sa confiance en lui est innée, et est secondée, en cas de problème, par une expérience du combat forgée au lycée, en club et dans la rue. Il arrive à Seika après avoir décidé de reprendre les études, afin de s’assurer de ne jamais changé de train de vie.
Le joueur Prénom / Pseudo : Nedved Age : 22 Ancien ou nouveau ? I dunno lol ! Comment avez-vous connu le forum ? En bossant pour le créer
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| | | | Saitô HibikiGougnafier• Messages : 950 • Yens (¥) : 318 • Date d'inscription : 02/09/2013 Carte IDAge: 26Classe / Job: Prof de sport / Athlète pro / VendeurLogement: Garage Shibuya | |
| Sujet: Re: Saitô Hibiki, la légende 13.09.13 11:08 | | PREMIÈRE PARTIE : LA CHEVROLET ET LE COUTEAU - Spoiler:
Saitô, 13 ans, un mètre soixante deux pour cinquante quatre kilos. Il était déjà grand et musclé. Neuf ans de Karaté Kyokushin au compteur, Trois de Judo, Trois de Kenpo. Un véritable « mini futur-lui ». Il ne portait pas encore ses lunettes de soleil. Ce samedi, Saitô était chez lui, à ne rien faire. Une fois n’est pas coutume, il s’était assis lascivement dans un canapé et attendait son père. Qui, selon ses dires, devait rentrer (là encore, une fois n’est pas coutume) manger ce midi. Le bruit d’un moteur devant la porte de la résidence le tira de sa léthargie. Grosse cylindrée, voiture américaine probablement. Il passa la tête par la fenêtre. Une Chevrolet. Décapotable. Elle allait sans doute avoir besoin d’un bon coup de peinture, mais elle était vendable. M Hibiki en sorti. Il sourit à Saitô et lui fit signe de s’approcher. « Voilà mon dernier bijou. Ou plutôt, ton premier bijou. Pourrais-tu t’en occuper ? » Saitô s’approcha. Effectivement il y avait du travail. Changement des cuirs intérieurs, lustrage du tableau de bord… Côté extérieur, la peinture était à refaire, les pneus à changer… Quant-au moteur, il n’y connaissait rien, mais au bruit, celui-ci semblait en bon état. Son père acquiesça d’un signe de tête. Bien. Le cout des réparations s’élèveraient à… hum, 2500 dollars américains. Il réalisa un rapide calcul : 11h au Japon, donc 21h au Etats-Unis… Impossible d’appeler. Il faudrait joindre le service client au Japon. « Tant que j’y pense, Saitô. Nous partons sur la West Coast pour deux semaines. Vu que tu as une compétition et que l’école n’est pas finie, tu seras seul ici. Pour simplifier les trajets, je t’ai préparé une installation sur le garage Shibuya. » Le garage Shibuya. Là où, selon Saitô, l’impossible devenait possible. Un garage, un appartement au dessus, Shibuya en dessous. Et une Chevrolet pour s’occuper si le besoin était là.
Mr et Mme Hibiki partirent deux jours plus tard. Saitô emménagea dans l’appartement que son père lui avait prêté pour l’occasion. Des réserves de nourritures pour deux mois, assez d’argent pour manger et dormir à l’hôtel de luxe pour un mois… Peu de chances que le jeune homme ne meure de fin. Il avait 10 minutes de marche pour atteindre son établissement scolaire. Le lendemain, il appela le service après-vente pour la Chevrolet. Les pièces demandées étaient importées et ne seraient disponibles que dans un mois. La première semaine se passa docilement, jusqu’au lundi suivant où Saitô eut une surprise de taille chez lui. Il rentrait de cours lorsqu’il vit deux jeunes hommes, de 17 ans environs, en train de regarder par la vitrine du garage la Chevrolet exposé. Ce genre de voiture était tout de même assez rare au Japon, et même si son état n’était pas parfait, elle restait une pièce de collection. Saitô les ignora et pénétra dans le garage, décidé à se changer avant d’aller à l’entrainement. Lorsqu’il sortit, les deux jeunes hommes l’abordèrent. Avaient-ils attendu une heure devant la porte ? Il eut beau leur expliquer que la voiture n’est pas à vendre, ni qu’il était possible de la voir de plus près, rien n’y fit. Agacé, Saitô finit par s’emporter. « Bon les gars, ça suffit. J’ai du boulot, et je ne vais pas rester là. Repassez dans deux mois si vous voulez, elle sera peut-être en vente. -Mais on s’en fout qu’elle soit en vente, on la veut juste. -Là, c’est plutôt les coups que vous cherchez, et vous allez réussir », enchaina Saitô. Il n’eut à peine terminé sa phrase qu’il dut esquiver un coup de poing. Il ne s’était jamais battu hors du club, mais l’énervement et le retard avait eu raison de ses principes de ne pas se battre dans la rue. Il les avait provoqués, mais il espérait gagner du temps en se battant. Il esquiva une deuxième attaque, de son côté gauche cette fois, et riposta d’une manchette. Il sentit le cartilage du nez se briser lors du contact. Les coups au nez assommaient, aussi avait-il pris l’habitude de viser là. S’ils étaient mal parés, cela signifiait généralement un KO proche en tournoi… Mais le jeune homme n’avait pas l’habitude d’adversaire qui ne savait pas bloquer les coups. Il bloqua un dernier crochet avec son avant bras, avant d’asséner un High Kick à son dernier opposant. Il avait sonné les deux sans faire exprès. Il ne s’en voulait pas, mais ne s’attendais pas à une victoire si facile. Il ne fit pas mention de ce qui s’était passé à l’entrainement, ni à l’école.
Le mercredi après-midi, Saitô était en tenue pour la compétition. Il s’agissait d’un tournoi cantonal de Kyokushin. Les meilleurs participeraient probablement aux nationaux, deux mois plus tard. Saitô obtint la deuxième place, après une défaire en finale : une erreur d’inattention lui avait couté son épaule gauche, qui s’était déboité lors de la chute. Il avait tout de même continué le combat, mais avait vite été contraint d’arrêter. Il ressortit à 21h, endolori et fatigué. Son épaule, remise en vitesse par un médecin, le tirait, mais il ne s’en inquiétait pas. Arrivé devant chez lui, Saitô s’arrêta devant la porte. Le deux contre un précédent avait été facile, mais il n’aurait pas été sûr de rééditer l’exploit… Alors à 6 contre un… Il fixa l’un des deux jeunes qu’il connaissait, celui dont le nez était intact. « C’est quoi le problème cette fois ? -On est venu te rendre la pareille. -Et vous n’êtes pas un peu nombreux ? Une carte ou des fleurs m’auraient suffi, vous savez. » Saitô laissa tomber son sac sur le sol et se tint prêt. Il n’avait aucune expérience dans ce genre de combat, mais se tint prêt à improviser, se souvenant de ce qu’il avait vu dans des mangas ou des films. La réalité fut, de fait, bien plus cruelle. Ce que l’on peut voir dans les films et livres n’est qu’une utopie. Le héros qui gagne un combat à dix contre lui, cela n’existe pas. Son premier coup fut un direct du droit, au visage. Son adversaire bloqua à deux mains, et agrippa son bras. Ah oui. Le nombre. Saitô se tordit sur lui-même pour éviter deux coups de poing, mais ne put rien faire pour le suivant qui l’atteignit dans les côtes. Il se dégagea d’un coup de pied bas, et riposta comme il put. Il était habitué dans les combats en un contre un, ou la prise de risque était permise, mais là… La pression habituelle des tournois lui apporta une poussé d’adrénaline bienvenue, dont il se servit pour étaler deux de ses adversaires avec des coups de pieds efficaces. Un crochet le fit tituber – son œil ne serai pas beau à voir prochainement. Décidé à faire payer ceux qu’ils pouvaient atteindre, Saitô se jeta sur celui dont il avait cassé le nez. Si la leçon n’était pas rentrée la première fois, il fallait rééditer. Il concentra ce qu’il lui restait de force et frappa. Cerné et entouré, il ne put atteindre sa cible et s’explosa la main contre le mur. Il sentit plus qu’il ne vit les sourires de ses assaillants. D’un mouvement, il se retourna et fit voler sa main, dont l’état ne l’inquiétait même plus, dans la tête d’un jeune homme brin et massif. Celui-ci s’écroula, sonné par l’UraKen à la tempe. Le silence s’installa. Saitô était essoufflé, les bras ballants, mais ne semblait pas vouloir abandonner. En face de lui, ils n’étaient plus que cinq, mais il sentait la fin approcher. Il tenta un enchainement poing-pied classique, mais fut interrompu par un autre coup de poing à la tête. Il ne comprenait plus grand-chose, et son esprit embrumé lui disait simplement de s’allonger sur le sol. Une douleur extrême, sur le torse, le tira de la torpeur qui s’étendait en lui. Il s’était déjà coupé en tartinant du pain… Mais s’il s’était attendu à sentir le même agacement que celui que l’on voue à une araignée lorsqu’il reçut un coup de couteau… Le temps se figea dans sa tête. Il voyait le couteau, devant lui, teinté de son sang. Celui qui le tenait, un immense adhésif sur le nez. Son torse qui le tirait. Son épaule gauche qui semblait à nouveau déboitée. Sa main droite ensanglantée et sans doute fracturée. Et surtout, cet homme. Qu’il comptait écraser comme on écrase une araignée, d’un coup de claquette. Ce fut bref. D’une simple extension du buste, Saitô lança son bras au visage de son agresseur. Il sentit, à nouveau, le cartilage du nez craquer, en même temps que sa main meurtrie. Il sentit également les coups de poings pleuvoir. De toute façon, il n’avait plus ni la force ni la volonté de se défendre. Il tomba au sol, vaincu et las.
Il se réveilla dans une chambre d’hôpital. Les murs étaient blancs, et après quelques minutes à s’acclimater, il se redressa. Son corps le tirait horriblement. Il laissa son bras gauche au repos et jeta un regard circulaire dans la pièce. Il n’y avait pas grand-chose d’intéressant, hormis une horloge indiquant 16h15. Il fit les comptes. 18h de sommeil après avoir été roué de coups par six hommes… Il en avait étalé un, probablement un deuxième. Tout ça pour… rien. De la violence purement inutile. Il sortit de l’hôpital le lendemain, récupéré par son père qui avait fait le trajet dès qu’il avait appris la nouvelle. En silence dans la voiture. En silence dans la maison. Finalement, au diner, ce fut sa mère qui rompit le silence pesant.
« Veux-tu en parler, Saitô ? -Il n’y a rien à dire. Je manque de pratique. Le Kyokushin ne suffit pas pour ce genre de combat. Il n’y a rien à faire. -Tu comptes abandonner, fils ? Se renseigna le père. -Non. Je vais devenir plus fort. J’arrêterai le Kenpo à la fin de l’année, et continuerai le Kyokushin. Je vais m’entrainer, c’est tout. -Tu ne crois pas que cela serait mieux de ne rien faire ? Je sais que tu es un garçon, que tu veux t’exprimer, être le plus fort et ce genre de choses, mais… -Tu en fais trop, chérie, coupa M Hibiki. S’il veut s’entrainer, qu’il le fasse. S’il veut être le plus fort, qu’il essaie. Chacun doit mener la vie qu’il veut. Il a un talent inné pour parler, tchatcher – attends qu’il enchaine les filles pour voir – et pour se battre. » Le silence revint après cette intervention du chef de famille. Saitô le rompit après plusieurs minutes. « Je vais continuer comme je l’ai fait jusqu’à maintenant. J’ai une Chevrolet à vendre tout de même. Je verrai ce que je veux faire plus tard. -Si tu continues, et que tu hésites plus tard, dis le moi. J’ai toujours un ou deux garages à gérer. » Dit dans un grand éclat de rire son père.
Saitô vendit la Chevrolet deux mois plus tard, à un entrepreneur américain installé au Japon. Il obtint l’intégralité de l’argent de la vente, qu’il mit de côté. Si son comportement semblait inchangé, l’adolescent était devenu plus dur, plus intransigeant, plus fort. Il n’avait pas de rancune, mais il devint plus antipathique. Quelques embrouilles survinrent, mais hormis quelques cicatrices passagères, il n’y eut jamais de retombées connues. Son père ne dit jamais rien, hormis appuyer le discours de sa mère : Ce qui doit arriver arrive, tache juste de tout faire pour t’en tirer. S’il ne provoquait jamais de grabuges, Saitô eut tout de même à se battre plusieurs fois. Ironie ou vision prophétique, ce fut généralement pour des filles, jusqu’à ses 17 ans, ou il ne souffrit plus de contestations. Il était attirant, beau parleur, et pouvait au choix désamorcer les problèmes, ou remonter ses manches.
DEUXIÈME PARTIE : LE COMMERCE ET LA TEQUILA - Spoiler:
« Saitô Hibiki. Heureux de faire votre connaissance, M Nakamura. -Enchanté. Vous semblez étonnamment jeune pour ce travail. Un parent bien placé ? -En effet. Mais cela n’a aucune importance dans ce cas précis, non ? -Et bien, je vous écoute. Prouvez-le-moi. -Vous êtes un membre du conseil de Samsung, vous avez un poste haut placé dans le département recherche et implémentation externe des téléphones. A votre allure et apparence, vous êtes plus sur le côté commercial que le côté développement. J’en déduis que vous démarchez des clients potentiels. Nous avons donc, vous et moi, les mêmes clients. Si vous vous adressez à moi, c’est que vous recherchez une voiture de collection plus que de luxe : elles sont déjà équipées de vos systèmes, ou vous pouvez le faire faire. Carré d’épaules, je vous sens plus adeptes du grand tourisme que de la vitesse. Ma première proposition serait une Ford Mustang, probablement année 1973. Vu votre âge apparent, c’est une voiture que vous connaissez. -La série 4 de 1976 me semblait un meilleur choix, plus large, plus conviviale. Pourquoi choisir celle-ci ? -Vous êtes réactif, aimez faire travailler votre interlocuteur, et vous fiez à vos jugements selon le discours des autres qu’à des quelconques renseignements qu’on vous apporte. Je suis sûr que vous êtes le genre d’homme, qui, au restaurant avec un client, devinez le vin à commander plutôt qu’à chercher des informations sur le vin préféré du client, n’est-ce pas ? -Ce n’est pas faux, en effet. -D’où mon choix, M Nakamura. La 1976 est plus lourde, son discours vous assommerait, là ou la Mustang 1973 saura vous garder en haleine. -Effectivement. Un parent haut placé est inutile dans votre cas. Pouvons-nous essayer ce modèle alors ? -J’ai déjà les clefs, inutile de patienter plus, M Nakamura. »
Saitô approchait de ses 18 ans. Il était bien plus confiant encore, si c’était possible, et avait encore progressé dans l’art des négociations. L’affaire allait être rondement menée. Après deux heures sur les routes, il était probable que Shinta Nakamura pose la question fatidique : « Puis-je insérer ma technologie dans cette voiture », ce à quoi il avait juste à répondre qu’il avait déjà regardé ce point avec le constructeur, et que après deux mois aux Etats-Unis, le dernier système de Samsung serait en place – Ford était déjà partenaire de Samsung ce qui facilitait la tache. Au côté de son client, Saitô, regardait le paysage, pensivement. Son bras gauche le tirait d’une clé de bras subie à la sortie d’un bar. Il avait du affronter deux types qui, bien qu’alcoolisés, se débrouillaient bien et semblait habituer à ce genre de rixe. Il avait fini par leur montrer que le patron, c’était lui.
Le contrat signé, Saitô rentra chez lui éreinté. Il vivait quasiment à plein temps au garage Shibuya désormais, même si il passait très régulièrement chez ses parents. Il laissa un message à son patron, M Hibiki, et pris une douche avant de se changer. Ce soir, c’était Tequila et étudiante. Ou étudiantes. Il n’avait pas de préférences. Le jeune homme avait pris l’habitude de boire de la Tequila, et toujours la même : Tequila Jose Cuervo. Chère, produite au Mexique, c’était une Tequila Especial y Reposado. Ce qui signifiait qu’elle était mise à reposée en fut après plusieurs distillations successives, ce qui lui conférait un gout unique. Et un prix hors normes – près de deux fois plus cher qu’une Tequila d’entrée de gamme. Il s’assit et en commanda un verre, avant de se tourner pour regarder les cibles potentielles les plus proches. Deux petites brunes semblaient discuter entre elles. Tentant. Un mec s’approcha et en embrassa une. Moins tentant. Il but sa tequila tranquillement et se déplaça. Il connaissait quelques personnes ici, mais… Il n‘avait confiance en aucun. Après un deuxième regard, ses soupçons furent confirmés : des deux brunes, une était en couple, l’autre seule. Pauvre fille. Passé la soirée avec un couple, cela devait être fatigant. Heureusement, lui aussi était fatigué, et une proie facile ne le dérangeait pas. Il s’approcha après avoir fini son verre. Après quelques secondes de discussions, il fit un signe de tête au serveur, qui sortit deux verres et une bouteille. La soirée s’annonçait bien.
TROISIÈME PARTIE : L'INJUSTICE ET LA RUE - Spoiler:
Cycle scolaire : terminé. Inscription en faculté : non réalisé. Ambitions : inexistantes. Plan d’avenir : néant. Heures d’activités par jour : 18.
Saitô avait 18 ans. Sans Domicile Fixe (sans dormir dans la rue pour autant), il se considérait comme un corbeau. Mal-aimé, rejeté, mais toujours présent. En bande ou seul. L’avenir dans la société moderne ne lui convenait pas à ce moment là. La vente de voiture le fatiguait, car il devait justifier sa présence, son âge, son absence de diplôme à chaque entretien. Las, il se lança dans la guitare. Il partit 4 mois aux Etats-Unis, tout frais payé par M Hibiki, et apprit avec un professeur particulier. 4h par jour, 6 jours sur 7. Tarif horaire : 60$. Après 4 mois, Saitô avait atteint un niveau correct. Son professeur, Charly, lui conseilla de jouer désormais ce qui lui plaisait, de se fixer des objectifs et de jouer avec des amis dans un groupe. Il rentra au Japon et chercha quelques temps des joueurs. Les activités passées le rattrapèrent vite. Cargaison de voiture à refiler, des centaines de milliers de yens à se faire, des filles à rencontrer au passage, et des fréquentations douteuses. Saitô gravitait dans un petit monde, qui s’élargissait chaque jour un peu plus. S’il ne versait pas dans l’illégal, il savait qu’il jouait parfois avec la ligne. Ce gout du risque lui apportait de l’adrénaline, qu’il n’avait plus depuis l’arrêt des compétitions de Kyokushin. En effet, depuis qu’il avait appris le combat de rue et ses règles, le cadre strict d’un art martial constituait un frein pour lui. Il s’offrit une guitare électrique et un piano avec la première cargaison de voiture. Deux italiennes vendues pour son père lui offrirent un stage de trois semaines de surf à Hawaï. Expérience qu’il renouvela, malgré son manque de talent pour le surf. Compétition de Football US en amateur, ou ses caractéristiques moyennes étaient compensées par un semblant d’intelligence de jeu, Football en gymnase, Saitô ne s’épargnait rien durant ses vacances, qui étaient… éternelles. Deux Mustangs rachetées à un promoteur immobiliers en faillite furent une jolie opération pour le gérant du garage Shibuya, qui finit par en vendre une au rabais à un ami du moment. Une bagarre en boite. Une fille, une beuverie. Un concert (où il jouait en remplacement du guitariste) dont il ne renouvela pas l’expérience. Une autre fille parmi tant d’autres, et un contrat avec un gérant d’une concession Toyota à la recherche d’une vielle Aston Martin. Un séjour aux Etats-Unis, voir si les femmes sont aussi bien que dans son souvenir. Deux altercations. Une cuite au bar, une bagarre en sortie de concerts, un concours de sports. Un tournoi amateur de tennis de table gagné, un combat amateur avant le départ d’Amérique. Le combat en amateur. De toutes ses expériences, Saitô se promit de ne pas recommencer. La pression était différente, l’ambiance bruyante, malsaine. Il n’y avait que peu de règles, et avait failli le sentir trop tard. Il en conserva des souvenirs douloureux, et une marque de brulure sur un avant bras.
A son retour au Japon, après un an de pérégrinations multiples et variées, Saitô était à son point de départ. Quel intérêt de faire tout ça ? Ne sachant pas quoi en décider, il reprit une existence saine : Tequila Cuervo, étudiantes, petits boulots et quelques bagarres. Il s’astreignait toujours à une discipline physique solide, se levant toujours à l’aube pour aller courir avant de réaliser des exercices chez lui ou à l’hôtel. Puis il consacrait une part de son temps à un sport divers, et l’autre partie au travail et aux loisirs, en part égales. Saitô n’avait toujours aucunes dépenses, son père commençant à s’installer plus profondément aux Etats-Unis. Après la musique, le jeune homme essaya tout les domaines qui lui venaient à l’esprit. Là où des étudiants enchainent des premières années en facultés, lui testait sur le terrain, s’arrangeant pour trouver une porte d’entrée. Son existence de jeune désœuvré dans la rue lui convenait parfaitement. Après quelques calculs, il se promit de chercher un véritable emploi à l’avenir. Sans le soutien de son père, jamais son train de vie ne survivrait. Hélas, tenir lui-même le garage Shibuya était improbable vu les demandes croissantes de commerciaux diplômés, et rester dans le garage toute sa vie sans démarcher… Il n’était pas l’homme assis derrière un bureau. Saitô essaya même le cinéma (il joua en figurant dans un film, mais la motivation partit vite), la restauration… Il s’offrit une batterie, dont il joue rarement, et des consoles de jeu. Il était plutôt sport de combat ou de voitures, de manière étonnante, et se résolut à même tenter un tournoi de jeu vidéo. Il se fit rapidement éliminé, ce qui lui offrit un sentiment étrange, car perdre pour des histoires de combat ne lui arrivait très peu. Toutefois, alors qu’il fumait tranquillement une cigarette, le jeune homme vit une scène qui lui rappela un vieil épisode du passé. A combat à plusieurs contre un, sur le lieu d’un tournoi de jeu vidéo. De la violence inutile. Il ne prit pas la tête de réfléchir et arriva, clope en bouche, les mains dans les poches, prêt à passer à l’action. Ce fut une autre victoire de Saitô, et il nota le visage de celui qu’il venait d’aider. Il s’était battu à ses côtés, ne posait pas de questions, aussi Saitô le rangea dans sa case « amis ». Il finit sa cigarette et appela un taxi.
Des travers, Saitô en collectionne. Il boit, il fume, il sort tard le soir, rentre accompagné d’une fille différente régulièrement, il se bat. En contrepartie, ses qualités ne se voient pas au premier abord. Mais nul n’a jamais pu dire qu’il ne s’impliquait pas, ou qu’il tolérait l’injustice. Sortie de boite, 3h du matin. D’une simple respiration, le jeune homme sentit le piège. Le son lui parvint après. Deux jeunes, visiblement alcoolisés, accostaient avec insistance une étudiante qui visiblement n’était pas intéressée. Il cligna des yeux, essayant de récupérer un peu de sobriété, se souvenant que… En fait, non, il ne se souvenait plus de ce qu’il avait bu. Il s’interposa, et, las du bruit, ne se fia qu’au ton de son vis-à-vis. Le ton agressif employé lui suffit à donner le premier coup. La droite partit rapidement et précisément. Un de moins. Il n’avait même pas sentit l’impact sur sa main, signe de son état d’ébriété. Il empoigna le deuxième par le col et le souleva. Il le lâcha l’instant d’après, sentant une vive douleur dans les côtes. D’un geste rageur, il décocha un coup de pied sans viser, et plaqua une main à son ventre. Encore un coup de couteau. Bon, après tout, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas rendu visite au corps infirmier. Ou aux corps des infirmières. Il s’allongea, et s’assura d’une main de ne pas se vider de son sang. C’était superficiel, mais il garderait une belle entaille. Peut-être était-il temps de se ranger avant d’avoir autant de marques que Rambo ?
QUATRIÈME PARTIE : L'ESPRIT DU NUMÉRO 1 - Spoiler:
« Je te préviens, cela ne se terminera pas comme ça ! » Saitô soupira et se détourna. Derrière lui, deux hommes, guère plus âgés que lui, était accroupis, le visage suintant de sang et haletant. Il venait visiblement de se faire rosser. Deux autres jeunes suivirent Saitô, qui se dirigea à sa voiture : une Chevrolet Camaro de 1967, la SS396. Il monta d’un bond dans la voiture et démarra. Il était temps de retourner chez soi. Après avoir gracieusement déposé ses deux camarades devant un club branché, il s’installa au garage Shibuya. D’un mouvement, il enleva son T-shirt, marqué de l’emblème d’un groupe de Pop et se regarda dans son miroir. Une vilaine marque rouge s’étalait sur le côté gauche, près de l’épaule. Un peu plus et c’était sa clavicule qui encaissait le coup. Il ne lui faudrait que quelques jours pour se remettre de toute façon. Délaissant la salle de bain, il entreprit de travailler un peu. Devant son sac de frappe, un modèle de 90kg récupéré par l’intermédiaire de son club, il commença à s’échauffer les bras et les jambes avec de petit coups. De cette façon, il vérifiait s’il avait vraiment envie de s’entrainer ou s’il devait trouver une autre activité. Un échauffement en règle suivit, puis il revint au sac de frappe. Il se contracta et se laissa aller pleinement. Direct gauche, direct droit. Le sac ne bougea pas. A nouveau, direct gauche, direct droit. Le mouvement fut bien plus ample, et Saitô libéra sa rage. Genou, direct gauche, crochet droit, latéral du pied gauche. Il marqua un temps d’arrêt et fixa le sac du regard. Il arma son pied droit. « AAAHH » Le Mawashi Geri frappa au milieu du sac, au niveau des côtes de Saitô, avec une violence extrême. Le Middle Kick était un de ses coups les plus efficaces. Il arrêta le sac d’une main et le frappa à nouveau, du pied gauche, à hauteur de tête. Puis il réalisa quelques enchainements de Kenpo, à base de coup en dépliement et d’attaques courtes. Finalement, il arrêta à nouveau le sac et souffla. Il voulait gagner en concentration. Récemment, Saitô avait entrepris d’apprendre plus en détail le Kung Fu. Si c’était un art connu à travers le monde, sa pratique était complexe. Comme le karaté, de nombreuses écoles existaient, et comprendre les différences de style était difficile. Le jeune homme était plus adepte du Wing Chun, rendu célèbre par l’acteur Bruce Lee. Toutefois, ses mouvements étaient loin d’être aussi gracieux. Il pratiqua tous les exercices dont il avait le souvenir, et s’exerça encore une bonne heure. Il lui semblait tout de même avoir régressé sur les mouvements de Kyokushin, mais ne s’inquiéta pas. Il pouvait toujours retourner pratiquer s’il il y avait matière à s’inquiéter. Une douche rapide et il se coucha, sachant que le lendemain serait consacré à du démarchage de clients : il devait trouver des voitures à acheter. Trois jours de suite, Saitô ne fit que travailler. Il ne rentrait même plus et prit quartier dans un hôtel de Yokohama. Ce n’est qu’un soir, après avoir conclu son affaire, qu’il se soucia de rentrer chez lui. Toutefois, il était en forme, et il y avait quelques boites sympas à Yokohama… Et sans doute également des filles sympas. Alors qu’il hésitait, il reçut un appel qui changea la donne. « Euh… Saitô ? -Ouais ? -Ils ont chopé Jinno et Masa. On va y aller avec Yatarô, mais je pense pas qu’on s’en sorte ? -Mais qu’est-ce que tu racontes bordel ? -Les dealers de la dernière fois ! Ils sont super nombreux, ça craint… Putain ! -Jay ? Oh ! Jay ? Putain… » Il raccrocha et sortit en trombe de l’hôtel, valise à la main. Il était content d’être venu en voiture, et ne se soucia pas des excès de vitesses sur le périphérique. Par chance, il n’y avait pas grand monde dans les rues. Il se gara devant le garage Shibuya, se changea et ressortit aussi vite. Devant la porte l’attendais Tetsurô, un autre de ses coéquipiers. « Saitô, j’ai appris ce qui se passait ! Ils n’ont pas appréciés que vous défonciez deux des leurs. -On leur avait dit plusieurs fois de plus vendre leur merde en boite. On a failli avoir des morts à cause de leur dope. -Et maintenant ? -Club 44. Ils squattent là-bas. » Club 44 : destination atteinte. Saitô s’avança, et un pénétra dans le club. Dans ses souvenirs, il y avait une pièce au fond, à l’écart. Elle n’avait qu’une entrée possible, donc il était persuadé qu’il trouverait ceux qu’ils cherchaient là-bas. Il remonta ses lunettes de soleil et ne s’arrêta pas. La porte était ouverte, mais un homme était devant. Saitô se souvenait l’avoir vu dans un club branché en train de vendre. Il voulut leur barrer le chemin, mais Tetsurô lui décocha un coup de poing sans prévenir. Il recula, et s’étala dans la pièce après un coup de pied. Les deux pénétrèrent dans la pièce. Saitô aperçut Jinno et Masa, attaché à la va vite, le visage sanguinolent. Visiblement, ils avaient eu droit à un cadeau de bienvenue ici. Deux autres dealers se jetèrent sur eux. Tetsurô commença à se friter avec le premier, tandis que Saitô explosait son adversaire d’un coup de tête. Il en profita pour saisir le dernier par le bras, lui décocha une droite, et laissa Tetsurô le finir d’un coup de pied. Des bruits de pas dans le couloir les alertèrent. « Tetsurô, tu t’occupes de tout le monde. Je m’assure que personne ne passe. -Je compte sur toi ! » Le marché de la dope à Shibuya était toujours florissant. Des clans entiers de dealers s’installaient dans des bars complaisants, et faisait circuler leurs marchandises depuis là. Si dans le bar où Saitô allait habituellement, on n’en voyait peu (car un autre clan avait le contrôle), ce n’était pas le cas ici. Le jeune espéra juste que tout le club n’allait pas lui tomber dessus : à un contre 10, il voulait bien se battre, à un contre 100, c’était une autre histoire. Il éjecta les trois qu’ils avaient étalés dans le couloir et ferma la porte derrière lui. Il ne restait plus que lui, et eux. Deux arrivèrent en même temps. Il en reconnut un, qu’il avait rossé trois jours auparavant. « Je t’avais prévenu que cela ne finirait pas si vite ! Tu es venu jusqu’ici te battre ? -T’as tout compris. Je vous prends tous ! » Sur ces mots, Saitô décocha son premier coup de poing d’une longue série. L’étroitesse du couloir était un avantage pour lui, qui ne pouvait de fait pas affronter plus de deux adversaires en même temps, et encore. Si allonger les premiers fut facile, il s’aperçut vite que la fatigue le rattrapait bien trop vite. Les efforts qu’il avait mis à la pratique du Kenpo ou du Kung Fu ne lui furent d’aucune aide. Il en repoussa un d’un coup de pied et regarda devant lui. Heureusement, ses adversaires n’étaient pas vraiment des spécialistes. Mais la quantité était trop importante, et ils savaient tout de même se battre. Dans quelle histoire s’était-il fourré ? Alors qu’il ne voyait pas de méthode pour s’en sortir, un souvenir lui revint en tête. Masutatsu Oyama et le Hyaku Nin Kumite. L’épreuve des Cent Combats. Saitô avait songé plusieurs fois à se présenter à l’épreuve, mais il ne l’avait pas fait… A tort se dit-il. Ceci serait son ultime entrainement. L’épreuve des Cent Combats était une épreuve propre au Kyokushin, créée par le fondateur de l’école, Oyama. L’objectif était de réaliser cent combats contre des experts en Karaté, les uns après les autres, sans temps de pause. Saitô se souvint que, plus jeune, réussir cet épreuve était son objectif… Pourquoi l’avait-il abandonné ? En grandissant, il n’y avait plus repensé… Ce n’était pas la maturité, ni une désillusion – il avait toujours autant confiance en lui. Avait-il abandonné l’idée de réussir le Hyaku Nin Kumite sans raison ? Oui. Il s’était laissé entrainer par les facilités de la vie, et avait laissé tomber ce qui lui tenait à cœur. Ses entrainements quotidiens relevaient dès lors plus de la façade que du progrès. N’avait-il pas eu l’impression de régresser récemment ? Le fondement du Kyokushin était le combat réel. L’objectif n’était pas la violence, mais d’apprendre plus de soi par l’enseignement et les combats. Aucune protection, coups portés à puissance maximale et jamais plus de violence que nécessaire… Avait-il tout oublié ? Il ne devait pas se battre contre des petites frappes et les écraser comme il l’avait fait. Cela n’entrainait que des situations inextricables, comme celle dans laquelle il était aujourd’hui. Effectivement, il apprenait plus sur lui-même. Le Kyokushin était la plus grande part de sa vie. Il n’était au fond ni un rebelle, ni un jeune homme bagarreur. Il était un pratiquant aguerri. Il voulait en découvrir plus, toujours plus. Se découvrir, et devenir numéro un, comme l’avait Oyama avant lui. Oyama avait parcouru la Japon, et défié tout les pratiquants d’Art Martiaux du pays. Quelle était la différence entre lui et Oyama ? La confiance en soi ? La volonté ? Non. Saitô comprit que sa pensée n’était pas la bonne. Pour être numéro un, il faut avoir l’esprit du numéro un. Le coup fut net et précis. Il s’écroula directement. Saitô fixa ses adversaires. Ils avaient devant eux le futur numéro un, et lui était là pour préparer son Hyaku Nin Kumite. Ce n’était que le début du combat. Il déposa ses lunettes près de la porte et se mit en garde. Quinze minutes plus tard, Tetsurô ouvrit timidement la porte et regarda le couloir. Des dizaines et des dizaines de corps s’étalait dans le couloir. Il devait y avoir pas loin d’une quarantaine de personne KO. Et au milieu de tout ça, Saitô était debout, les lunettes à la main, et les examinai, vérifiant qu’elles n’étaient pas abimés. Il se retourna. « Vous avez mis le temps ! Barrons nous de là, j’ai la dalle. » CINQUIÈME PARTIE : LA FACE CACHÉE - Spoiler:
D’un geste, il réajusta ses lunettes de soleil, avant de passer son bras autour de la jeune femme à côté de lui. Et bien, cette journée se finirait comme elle avait commencé : avec une charmante créature. Ils se dirigèrent vers sa voiture, un Hummer H2 tout droit importé des Etats-Unis. Saitô ne trouvait pas encore d’acquéreur, et voulait vérifier s’il fonctionnait bien – ce qui semblait être le cas. Au moment d’entrer dans la voiture, un détail retint son attention. Jinno, assis à discuter à la sortie du club, lui avait fait un signe, discret, mais qui ne trompais pas. Quelqu’un l’épiait. Il profita de la discrétion que lui apportait Mariko, sa conquête du soir, pour regarder autour de lui. Effectivement, il était surveillé. Seulement… il savait exactement qui le surveillait. Il monta dans le H2 et s’en fut terminer la soirée avec Mariko. Le lendemain était un samedi. Il se leva tôt, comme toujours, et réalisa ses exercices habituels : assouplissement, étirement, musculation. Il mit docilement Mariko à la porte, et rassembla ses affaires. Il avait une histoire à régler au plus vite. Il partit en trombe, juste habillé d’une chemise et d’un jean. Ses pas l’amenèrent au dojo. Sans bouger, à la porte, Saitô réfléchissait. Pourquoi un membre de son dojo le suivait-il le soir ? Cela n’avait aucun sens ! Et c’était contraire au précepte du Karaté. Il salua le dojo en s’inclinant et pénétra à l’intérieur. Il n’était pas changé, et n’avait pas ses affaires de toute façon. Il était juste venu régler ses histoires. Quelqu’un l’approcha : Sensei Ariyama, qui avait quasiment appris à Saitô à marcher. C’était en quelques sortes un oncle pour le jeune homme, un second père, un guide sage et noble.
« Saitô, c’est rare de te voir le samedi matin. « Sensei, vous n’avez donc toujours pas de canne ? »
Les deux éclatèrent de rire. Ils avaient développés une forme de complicité unique, après plus de 15 ans ensembles. Sensei Ariyama était Godan (cinquième Dan), et s’il n’était pas le plus grand expert du combat réel, c’était la personne la plus sage, la plus proche de sa voie, que Saitô connaissait.
« Je viens, hélas, pour un ennui à régler. J’ai été suivi par un membre du dojo, et j’aimerai une explication. -Et si elle ne te convient pas ? Que feras-tu, Saitô ? -… »
Saitô aurait volontiers répondu « Ce qui s’imposera », mais il se souvint… Combattrait-il car il a été suivi ? C’était contraire à tous les préceptes enseignés ici, et quelque soit son amitié avec Ariyama, ce serait un désastre.
« Je sais que Juichiro est ici, donc j’aimerai le voir. -Je vais le chercher de ce pas. Mais réfléchit bien à tes actes. »
Deux minutes s’écoulèrent, longues, et pourtant trop courte pour Saitô. Son envie de voir Juichiro pour obtenir des explications était toujours là, mais elle était masquée par un problème qu’avait soulevé son maître. Enfin, ils revinrent. Saitô s’inclina, et entama directement dans le vif du sujet.
« Je t’ai vu m’épier hier soir, Juichiro. As-tu une explication décente à me fournir ? »
Juichiro explosa de rire, et fixa Saitô. Il était un jeune homme solide, de 25 ans, les cheveux noirs coupés court et les muscles saillants.
« Je cherches des preuves, Saitô. Regarde-toi ! Tu bois, tu fumes, tu te bagarres dans la rue, enchaine les aventures d’un soir, et tu reviens ici, toujours plein de ta confiance en toi, avec une bonne conscience. Crois-tu respecter les principes enseignés ? Tu as le soutien des professeurs, car ils ne te connaissent pas. Tu n’es qu’un vulgaire fauteur de troubles, pas un karatéka. »
Saitô ne dit mot. Il aurait pu le faire taire. Avant, pendant, après son discours. Si Juichiro était un bon combattant, Nidan depuis plusieurs années, et habitués des compétitions, Saitô se savait capable de la battre en duel… Mais le point que soulevait Juichiro n’était pas totalement faux…
« C’est tout ce que tu as à dire, Juichiro ? Crois ce que tu veux. »
Saitô se détourna et quitta le dojo, alors que son adversaire retournait s’entrainer. Une main calleuse posée sur son épaule l’arrêta.
« Tu ne t’es pas emporté. Mais tu n’as pas choisi la bonne réponse non plus, Saitô. -Alors qu’aurai-je du faire, Sensei ? L’attaquer reviendrait à lui donner raison ! -Est-ce tout tes choix ? -Je ne sais pas… Que dois-je faire, Sensei ? - Saitô, écoute-moi. »
Les deux s’assirent sur les marches d’entrée du dojo. Il n’y avait personne dans cette claire matinée d’automne, et le vieux maître prit un air grave lorsqu’il regarda son élève.
« Tu es arrivé ici il y a si longtemps… Tu avais à peine 4 ans. Fasciné par la légende d’Oyama, tu avais obtenu de venir ici. Malgré ton âge, tu voulais toujours pratiquer. Nous forgeâmes ton corps, sans l’éprouver. Tu appris toutes les techniques, toutes les théories, toutes les connaissances. A six ans, tu aurais pu passer l’épreuve de connaissances pour le 5° Dan sans difficulté. Tu t’entrainais docilement, suivant les enseignements précisément. Toujours assoiffé de connaissances, tu te lanças dans d’autres arts, espérant découvrir. Comme Oyama l’avait-dit, … - L'essence de l'Art Martial vient de la pratique et de l'expérience. Il faut apprendre à ne jamais craindre de vouloir "plus". -Exactement, Saitô. Seulement, arrivé à tes treize ans, ce fut le choc. Tout le monde n’aspirait pas au même idéal que toi. Tu découvris la violence. Tes talents, ta technique… Chacune de tes capacités physiques ont progressées à une vitesse fulgurante. En combat, personne ici ne peut rivaliser avec toi. Mais… la sagesse requise n’est jamais venue. Tu as conservé le même esprit qu’à 13 ans. Ta quête de force a été une perte. Rien n’interdit l’alcool, ni même de fumer. Toi-même limite ta consommation, et t’assure d’être dans une santé impeccable. Le gout des filles… C’est plutôt une bonne chose, non ? -Où veux-tu en venir ? C’est du passé tout ça ! -Oui. Il y a quelques mois, tu t’es présenté ici après une bagarre, plus abimé que jamais. C’est tout juste si l’on te reconnaissait. Mais ce n’était pas les blessures qui nous empêchaient de te reconnaître. Ton regard… J’ai senti renaître en toi l’enfant que nous avons accueillis. Tu n’en as jamais parlé. Que s’est-il passé ce jour là ? »
Saitô conta alors l’histoire de la drogue, de sa racine jusqu’à la guerre finale au club 44. Il n’omit aucun point, que ce soit ses torts ou ses bienfaits. Ariyama le regarda et sourit à la fin de son exposé.
« Tu vois, Saitô… Avant ce jour là, tu te serais jeté sur Juichiro sans réfléchir. Peut-être l’aurait même tu attaqué dans la rue, hier soir. Et pourtant… Tu n’y as pas songé. Tu n’as pas pourtant pas essayé, pas plus qu’aujourd’hui, même si l’idée as du t’effleurer. Sais tu pourquoi ? -Non, Sensei. -Tu sais où se trouve ta voie. Tu ne l’as juste pas trouvé. Maintenant… Il ne te reste plus qu’une chose à faire. Pars. Je te bannis… Non, t’exile, de ce dojo. -Le message est compris, maître. -Va, mon disciple. Tu sais ce qu’il te reste à faire. »
Les deux se levèrent et se firent une accolade lourde de sens. Chacun partit dans sa direction, Sensei Ariyama vers le dojo, Saitô à la rue qu’il avait tant fréquentée récemment.
Deux jours plus tard, la porte du garage Shibuya s’ouvrit, et un homme massif, d’une quarantaine d’année passée, entra dedans sans se poser de questions. Saitô apparut aussitôt, et regarda son visiteur. M. Hibiki.
« Papa… -Tous les samedis, à 11h. Allez, fils. Tu as quelques heures de courses à pied avant d’être arriver. Tu retrouveras ton garage comme neuf. -Merci, papa. -Remercie Ariyama plutôt. Ce vieux loup a plus d’un tour dans son sac. -Transmet lui mes amitiés. J’y vais. »
Saitô sortit de la porte et regarda dehors. Il était 5h du matin, et il faisait encore nuit – le mois de septembre touchait à sa fin. Il resserra son Gi de Karatéka, et monta dans sa voiture. Il se gara à une cinquantaine de kilomètres des monts Kiyosumi, et commença sa course, seul. Son père s’était occupé de son ravitaillement, bien qu’il soupçonnât sa mère d’en être la principale instigatrice. Comme Oyama 60 ans avant lui, Saitô s’exila sur la montagne. Il devait trouver sa voie.
« Les buts de l’homme doivent être les plus hauts et les plus grands possibles ; et seuls la persévérance et la progression pas à pas permettront de les atteindre selon son propre chemin. »
Cette citation était gravée dans sa tête, comme bien d’autres. Son but était déjà fixé, le même que Sosai Masutatsu Oyama. Il lui fallait maintenant trouver la voie. Sa voie… Sa réponse… Et ainsi, il répondrait enfin à Juichiro. Laver ses affaires à même la rivière, manger froid à chaque repas, dormir dans le froid, construire une Makiwara, des outils, des poids… Oyama avait tout fait. Si quelqu’un l’avait fait, il le ferait. L’impossible n’était pas fait pour lui. Deux mois après son arrivée, Saitô s’essaya au fameux test de la pierre. Il se fracassa la main contre le rocher. Travailler, encore et encore…
Saitô passa cinq mois sur la Montagne. Il n’avait pas l’ambition de tenir 14 mois, comme Oyama, mais au contraire, il voulait faire les choses à sa manière. Conscient des avantages de la vie qu’il avait menée auparavant, il ne voulait pas vivre sa vie ainsi. Il revint à la civilisation, avec des promesses qu’il n’abandonnerait pas. Reprendre ses études et ainsi assurer définitivement sa place et son emploi. Revenir sur le mont, plus tard, et finir cet entrainement commencé pendant 5 mois. Et aussi… il serait parmi les quelques personnes à avoir réalisé l’épreuve des cent combats, le Hyaku Nin Kumite. Il lava sa tenue et la regarda. Elle était abimée, et ne semblait pas prête à endurer d’autres outrages. Il en acheta une nouvelle… Mais se décida à ne pas jeter l’ancienne. Elles seraient les symboles. Il distinguerait ainsi ses deux vies. Celle du jeune homme blond, percé tatoué classieux, toujours prêt à enchainer les canons, que ce soit féminins ou alcoolisés. Et l’autre face, celle de l’homme à la recherche de la voie, de l’ultime vérité. Le Kyokushin. Il revint au dojo un samedi matin, et pénétra à l’intérieur. Il salua le dojo, les tatamis, le portait de Sosai accroché sur un mur, et s’avança. Sensei Ariyama le regarda de loin et sourit. Saitô avait peu voir pas changé physiquement. Evidemment, il était allé au salon de coiffure, s’était rasé… Mais il sentit la différence en lui. Et ce, sans prendre en compte sa tenue, ravagée par des mois d’utilisation en conditions hostiles. Saitô s’approcha de son maître, le salua.
« Sensei. Je suis prêt, désormais. -Je le vois, Saitô. »
Le jeune homme enleva ses lunettes de soleil et fit un franc sourire à son maître. Mais il enleva aussi ses boucles d’oreilles, et des déposa dans une petite bourse de cuir, qu’il déposa par terre avec ses lunettes, devant le portrait de Sosai Oyama.
« Sosai Oyama, je vous confie ceci. Veillez sur moi, si vous le désirez »
Il s’écarta et revint au centre des tatamis, et s’agenouilla. Quelques regards étaient tournés vers lui, mais lorsqu’il s’éclaircit la voix, tout le monde le fixa.
« Bonjour. Je réclame un duel contre Juichiro Masui. Et je souhaiterai également affronter tous ceux qui souhaitent se mesurer à moi. »
Il n’eut pas à attendre une quelconque réaction, car son adversaire était déjà face à lui. Saitô se releva et se mit à deux mètres de Juichiro, en position pour le duel. Son visage était toujours souriant et enjôleur, mais lorsqu’il prit son inspiration avant de saluer son opposant, son expression changea du tout au tout. Il n’y avait plus que le sérieux en lui, la concentration absolue. Comme un être à deux facettes, une double personnalité.
Le combat commença sur un « Hajime » collectif. Leur altercation avait circulé durant ses quelques mois. Hiza Geri. C’était le coup qu’avait choisi Saitô pour entamer le combat. Il fit un pas en avant et bloqua un direct du gauche. Son genou monta presque instantanément et frappa son adversaire, qui recula d’un pas sous l’impact, le souffle court. Il n’eut pas le temps de voir venir le deuxième coup, un Shuto sur la partie gauche du cou. Le tranchant de la main de Saitô frappa de façon nette et précise, et Juichiro s’effondra. L’idiot. Etait-il si sûr de sa victoire ? Les cinq mois d’absences de Saitô avait-ils suffis à rendre faible Juichiro ? Deux élèves écartèrent Juichiro, à peine conscient, et Saitô se remit en place. Quelqu’un d’autre se présenta aussitôt pour être son adversaire. Sensei Ariyama.
Trois jours plus tard, le mardi soir, Saitô était de retour au dojo. Il avait mis ses vêtements neufs, et commença des assouplissements, car il était arrivé en avance. Sensei Ariyama était présent, comme à l’accoutumée, ainsi que Sensei Tamada, l’un des cinq professeurs du dojo. Saitô considéra le nombre d’élève présent… Si d’autres venaient, ils ne seraient pas assez nombreux.
« Kuramada a fait une mauvaise chute durant ton absence, et s’est démis l’épaule. Et Mado a un fils malade, il ne peux pas venir. Nous ne sommes donc que deux », indiqua Ariyama au jeune homme au vu de son expression dubitative.
Quelques élèves arrivèrent, et comme l’avait craint Saitô, ils étaient trop nombreux pour eux deux. Ariyama se mit en position avec Kuramada et les saluts commencèrent. D’abord Sosai Oyama, ensembles, puis les saluts de maître à élèves. Ariyama leva la voix, et s’exprima calmement dans le calme du Dojo.
« Comme les plus perspicaces d’entre vous l’ont remarqué, seuls Kuramada-Sensei et moi sommes présents ce soir. Kuramada s’occupera des 2ème Kyu, 1er Kyu et des quelques 1er Dan, vu que nous n’avons aucun Nidan non plus aujourd’hui. Les 11ème à 7°Kyu seront avec moi. Les 6°, 5°, 4° et 3° Kyu, vous travaillerez avec Saitô. S’il a réussi à obtenir son 3° Dan, il peut bien faire une séance en tant qu’enseignant, non ? »
Ariyama avait dit cela avec un grand sourire, aussi Saitô sut que c’était une marque de confiance renouvelée. Le jeune homme se leva, et vint rejoindre les professeurs alignés. Quelle étrange sensation d’être de ce côté-ci… Mais ce n’était qu’un premier pas. Apprendre, enseigner, comprendre… Partager son savoir était une forme d’apprentissage. C’était le nouveau départ d’un long voyage….
SIXIÈME PARTIE : LE KODAN-GUMI - Spoiler:
Bien avant de s’exiler à la montagne, Saitô avait déjà vu la mort de près. De nombreuses fois, bien sûr. Jamais trop près. Un salut, un comment tu va. Rien de plus. Jamais. Pas le temps de s’en approcher plus, encore moins l’envie à vrai dire. Quelques coups de couteaux avaient laissé des traces, mais rien n’était venu à bout celui qui, chez certains jeunes, était le King de Shibuya. Et avec ses comparses, ils exércçaient leur loi, implacablement. Une loi stricte et dure. Limitation du trafic de drogues, pas d’abus, et surtout, surtout, ils luttaient contre la vente de service sexuel. Cette pratique était légale, et ils ne pouvaient rien y faire. D’ailleurs, ils n’en faisaient rien. Ce contre quoi ils luttaient, c’était les établissements qui forçaient les filles à vendre leur corps. Il y en avait. Sous couvert d’emprunts, de dettes, de menaces, de vol ou de diverses manipulations. Il était facile d’être pris dans cet engrenage. Saitô n’avait que faire de celles qui choisissait cela volontairement. Tant que c’était de bonne volonté, eh bien… Il s’agissait du plus vieux métier du monde, non ? Mais les entrepreneurs louches qui utilisaient des méthodes non moins louches, ça, c’était un peu l’ennemi numéro 1. Vous avez déjà lâché une poule dans un appartement rempli de chats ? Même idée. La chasse. La traque. Et pas moins de cris. Les soaplands (établissement de massages et plus) et les deriheru (en mode service à la personne, préservatifs compris) étaient sur sa liste. Comment des gamins d’une vingtaine d’années luttent contre cette genre de pratique ? La réponse est simple. La police a de grandes difficultés à intervenir car ils masquent leur trace et conservent des informations sur les filles pour les garder sous pressions. Alors que dans une descente en pleine nuit… Ce n’était pas la même.
L’attaque était planifiée pour les 17h. En pleine fin d’aprem, histoire de récupérer un maximum de monde dans les bureaux de cette agence. Ils arrivèrent à sept, prêts à en découdre, et enfoncèrent la porte. Les locaux étaient situés au quatrième étage d’un immeuble comme il y en a tant à Shibuya. Le rez-de-chaussée était occupé par un petit cinéma. Saitô passa le premier, rapidement suivi par Masa, qui s’exclama avant qu’on ait pu dire quoi que ce soit.
« On vous avait donné des règles à suivre non ? Le racolage c’est pas bien ! »
La discussion s’arrêta là. Chacun avait compris parfaitement qui était qui, et quelle serait la suite. Quelqu’un se jeta sur Saitô, qui bloqua et décocha un uppercut avant de jeter son adversaire groggy sur le côté. Celui-ci n’avait pas fait long feu. Ce fut vite une vraie mini guerre, qui fut vite interrompue par un troisième groupe. Saitô jeta un œil, mais les costumes sur mesures des derniers arrivants l’inquiétèrent.
« On se tire les gars. » lança le jeune homme après un dernier coup de pied.
Le destin en voulu autrement. Il entendit un coup de feu partir, et se jeta directement derrière un bureau. En espérant ne pas être à portée de celui qui avait une arme. Il attendit patiemment, réfléchissant aux positions de ses amis. Le plus important était que tout le monde se tire de cette merde. D’autres coups partirent, et le silence revint. La seule personne qu’il voyait était un homme d’une grosse trentaine d’année, en complet marron, les cheveux mi- longs laissés dans le vent, digne d’un cadre d’une société de communication. Un yakusa, du coup. Bordel de merde. Heureusement, tout le monde avait filé. L’homme s’était installé dos à un bureau, et rechargeait docilement son arme lorsqu’il vit Saitô. Et il sourit.
« Bon, t’es dans quel camp toi ? Je te descends ou pas ? »
Saitô marqua un instant de surprise. Un type aussi détendu, c’était impressionnant. Lui-même gardait son calme, mais pas au point de taper la discute avec quelqu’un de cette façon.
« J’venais mettre la merde, mais on a pas les mêmes moyens toi et moi. -J’te laisse éviter que d’autres nous arrivent dans le dos, et je nettoie ça. -Humf » grogna le karatéka, sans savoir s’il acceptait ou pas ce marché.
Au final, jamais personne ne vint. Le yakusa, qui révéla plus tard s’appeler Date Ryuichi, avait gagné car il avait plus de munitions sur lui. Il mit les précédents occupants dehors, où ils se firent traiter sans ménagement. Enfin, il s’assit sur une table, s’alluma une cigarette, et regarda Saitô d’un air amusé.
« Cet endroit est géré par mon clan, le Kodan Gumi. Seulement, vu qu’ils ne payaient plus leur part, j’suis venu faire un tour. Et toi ? Tu voulais quoi en venant ici ? »
Saitô expliqua patiemment ses raisons, préférant jouer franc jeu. En face de lui n’était pas un quelconque gang de rue. Date semblait amusé par son récit, et conclut
« Tu veux pas nous rejoindre ? -J’suis pas intéressé par les yakusas. -Tant pis. Amène-toi, je paye à boire. »
Ne sachant pas vraiment s’il avait le choix, Saitô suivit et discuta de choses et d’autres avec Date Ils furent très vite rejoint par Masa, Jinno et Tetsurô. Le yakusa essaya de recruter à nouveau, en vain. Après cela, les choses devinrent plus claires. La chasse au deriheru dans Shibuya était terminée. Du moins dans sa forme actuelle. Ils contactaient d’abord Date, qui, de façon étonnante, avait accepté leur condition quant au fonctionnement du recrutement… Tant que c’est lui qui recevait sa part. Chacun y retrouvait son compte, surtout Date.
SEPTIÈME PARTIE : UNE DETTE QU'IL SOUHAITERAIT NE JAMAIS VOIR REMBOURSÉE Coming soon... |
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