[Commissariat] Hello futur collègue ! [Yuu]

Mercredi 25 avril 2018 – 11 heures 30

Keiko se rendait au commissariat principal de Tokyo ce matin-là. C’est à ce commissariat qu’elle avait décroché un stage pour la Criminelle, le service qu’elle rêvait de rejoindre. Elle avait de l’ambition et ne voulait pas faire la police de proximité toute sa vie… Le stage était prévu pour le mois de septembre, alors cela lui semblait bizarre d’être convoqué par le chef de brigade … Elle se sentait nerveuse en franchissant la porte automatique de ce lieu tant convoité mais ne le montra pas. 

La policière portait sa tenue de service et se présenta à l’accueil. On lui indiqua de patienter sur un siège, ce qu’elle fit. On l’appela au bout de 10 minutes et elle suivit l’agent à l’accueil. Passant devant des bureaux, elle aperçut Yuu Otosaka et lui fit un signe de la main, accompagné d’un sourire. 

Yuu Otosaka … C’était un de ses camarades de prépa scientifique à l’époque de Seika et il s’était avéré qu’il avait la même ambition : entrer dans la police. Ce point les avait rapprochés et ils avaient travaillé ensemble les concours. Keiko avait bien remarqué que Yuu était plus intelligent, du moins sur les épreuves théoriques du concours et elle échoua là où il réussit : obtenir la seule place à la criminelle disponible cette année-là. Heureusement, elle était bonne perdante et s’était dit que ce n’était que partie remise.

En effet, Keiko était combative et si elle avait décidé d’entrer à la criminelle vous pouviez être sûr qu’elle y renterait. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle était irréprochable dans son travail et qu’elle s’était efforcée de bien s’entendre avec chacun de ses supérieurs. Elle compensait son manque d’intelligence scolaire par ses qualités d’agents en fonction. De plus, sa condition physique avait peut d’égale, et elle était maligne et curieuse. 

- Kiyoshi-san. 

Keiko, perdue dans ses pensées à propos de Yuu n’avait même pas vu qu’elle était arrivée devant le chef Makashima. Elle inclina respectueusement la tête et entra dans le bureau. 

- Si je vous ai fais venir ici, c’est pour vous proposer d’avancer votre stage et de commencer au mois de mai. L’arrêt maladie prévue pour une longue période de l’un de nos éléments nous contraint à vous proposer cet avancement.

Il ne pouvait pas savoir qu’à cet instant, Keiko remerciait ce collègue de la police d’être malade. Elle espérait que ce n’était qu’une petite dépression passagère et non un cancer, mais elle avait tellement hâte de commencer qu’elle ne pouvait s’empêcher d’être contente. Elle accepta évidement, et après bien des échanges de politesses et de petits détails administratifs, elle sortait du bureau tout sourire. 
Elle regarda sa montre, il était tout juste midi. Keiko avait le temps de prendre sa pause déjeuné. Elle pensa soudainement à Yuu et vit qu’il était toujours à son bureau. La japonaise s’avança vers lui.

- Bonjour Yuu-kun ! Désolée je n’ai pas pu te saluer tout à l’heure. On dirait bien que je vais être ta collègue-stagiaire plus tôt que prévu !

Elle lui adressa un sourire radieux, étant vraiment de bonne humeur.

- Hey Keiko-chan ! Ca fait un bail. Ne t'excuse pas, j'ai vite compris ce que tu faisais ici. C'est génial ce qui t'arrive, je suis super content pour toi !

- Merci, je suis contente aussi.

Cela n’étonnait pas la japonaise qu’il soit déjà au courant. Après tout il était brillant, il devait être déjà dans les petits papiers de tout le monde. 

"Tu veux manger un bout avec moi ? Tu vas pouvoir m'expliquer tout ça !"

- Oui, avec plaisir. Yuu-senpai du coup, non ?

Elle lui adressa un sourire étincelant, étant toujours sur son petit nuage de bonne humeur. C’était rare qu’elle soit dans cet état. Détendue et tout simplement heureuse. Pendant que Yuu prenait de quoi partir, Keiko envoya un e-mail à son frère :

KEIKO TO ONIISAN ♥ a écrit:

Stage avancé à début mai. J’ai trop hâte !! ^o^ !!!
Une fois qu’il fut près ils sortirent du commissariat. Elle venait peu souvent au commissariat principal de Tokyo, aussi elle se demanda ce qu’il y avait autour. Elle aurait bien mangé des ramens, mais ne savait pas ce dont Yuu avait envie. 

- Tu veux qu’on aille manger où ? Je ne sais pas trop ce qu’il y a dans le coin ! 

Elle était en uniforme et se sentait à l’aise dedans. En plus, cela lui permettait de partager un repas avec un garçon sans ambiguïté. A force de devoir repousser des avances, elle voyait le mal partout et éviter ce qui pouvait ressembler à un rendez-vous amoureux. Yuu lui donna une réponse et ils se dirigèrent vers un lieu où se restaurer.

- J’ai appris que ton collègue était malade … C’est pour ça que je viens plus tôt. Il n’a rien de grave ?

- Pas de manière avec moi Keiko-chan, Yuu-kun suffira amplement lorsque nous sommes les deux. Il faut respecter les politesses mais on se connait assez pour se permettre quelques libertés.

Cela lui allait. Après tout, ils avaient été camarade de classe et se connaissaient depuis un petit moment. Elle aimait ce genre de rapport où la politesse restait de mise. Elle se rappelait que Saitô l’avait bousculé dès leur première entrevue, la forçant à l’appeler « Saitô » et non Hibiki-sans / kun. Là, elle se sentait à l’aise, sur un terrain stable et défini. 

- Alors tu as annoncé la bonne nouvelle ? 

Elle se demanda un instant de quoi il parlait, puis comment il pouvait le savoir, mais après tout c’était logique. Elle lui avait donc répondu :

- Oui, mon frère veut toujours tout savoir alors je me devais de le tenir au courant. Ah, la famille. Au moins il fait la liaison avec les parents. 

[…]

- On peut aller manger des ramens, je connais un bon resto pas loin et je connais le patron maintenant.

Keiko était plus qu’heureuse de cette décision et son ventre gargouillait déjà. Elle avait hâte d’y être. 

- Ca nous rappellera le bon vieux temps.

- Hm, oui c’est vrai. Quand on étudiait ensemble !

Elle lui rendit son sourire, se rappelant effectivement qu’ils s’étaient nourris de nombreuses fois de nouilles… Mais instantanées. C’était un comble pour Keiko qui adorait la cuisine traditionnelle et qui prenait du plaisir à cuisiner, mais elle avait été obligée de sacrifier un peu de son temps pour le concours. Au moins elle avait réussi à entrer dans la police. 

[…]

- Oui j'ai tout de suite proposé au chef de te prendre vu les résultats surprenants que tu avais. Mais mon collègue ne doit pas te gâcher ta journée, il a juste eu une intoxication alimentaire. Je lui avais dit de ne pas manger autant de Donuts.

- Oh… Je vois … Les Donuts ça fait un peu stéréotypes … Ils sont comme ça dans ton service ?, demanda-t-elle amusée. 

Keiko entra la première, remerciant d’un signe de tête la galanterie de son collègue. 

- Bonjour.

- Ce sera la même chose que d'habitude pour moi et pour la demoiselle....

- Hm … 

Elle vit qu’on pouvait composer ses propres Ramens alors elle sauta sur l’occasion.

- Un Gyuniku ramen, avec le bouillon de soja au poulet, et en garniture… Hm, Choux émincé, Algue Wakamé, œuf et germe de Soja s’il vous plait !

L'odeur de la nourriture environnante fit gargouiller son estomac. Elle chuchota un petit " Désolée " à son collègue. 

- Ce n'est pas souvent que tu viens avec une si charmante compagnie Yuu. hahaha.

Keiko lui adressa un sourire poli et inclina légèrement la tête, gênée. Absolument ce genre de situation ou commentaire qu’elle souhaitait éviter. On ne pouvait pas juste manger entre collègue sans sous-entendu dans ce monde ? La jeune fille se dit que seul les personnes qui ne la connaissaient pas vraiment pouvait la trouver charmante. Quand on la voyait mettre au sol 3 mecs d’un coup, c’était tout de suite moins mignon. 

- Tsss arrête voir grand père, tu vois bien que c'est un policier en fonction. C'est ma future collègue, je te présente Kiyoshi-chan. Tu la verras peut être souvent si elle trouve ta cuisine bonne...

Il avait vraiment l’air d’être un habitué. Elle aimait ce genre de comportement. Keiko hocha de nouveau la tête en signe de politesse. Si la nourriture était bonne, elle n’hésiterait pas à revenir effectivement. Elle trouvait l’intérieur du petit restaurant très sympathique. Cela lui rappelait sa petite ville d’origine. 

- Enchantée. 

Elle sourit à la remarque comme quoi sa cuisine était la meilleure. La japonaise avait vraiment hâte de gouter à ça. 

- Alors raconte moi tout ! Comment tu te sens ? un peu stressée ? Il t'a dit quand tu commençais exactement? Il faudra que je prépare ton bureau bientôt je pense !

- Je commence le 1er mai ! J’ai hâte. Je ne me sens pas stressée, je vais donner le meilleur de moi-même comme toujours, donc ce sera sans regret. Et puis, je suis entre de bonnes mains n’est-ce pas ? 

Elle lui fit un clin d’œil.

- Oh, un bureau pour une stagiaire ? Trop d’honneur ! Mais oui, c’est plus pratique. 

Keiko avait le sourire aux lèvres. Elle avait vraiment hâte de commencer ce changement dans sa vie. Elle s’était battue, avait modulé ses horaires pour rendre service aux chefs, avait fait chaque heures supp proposées. Heureusement qu’elle n’avait pas de vie de famille. 

- Je n’aurais jamais imaginé avoir ce genre de rêve dans le passé … Comment t’es venu l’envie d’être policier ?

Elle n'avait jamais posé la question alors qu'ils avaient étudié ensemble de nombreuses fois. Keiko avait envie de mieux connaitre son futur collègue.

- Pour tout t’avouer… C’est toi la raison qui m’a poussé à devenir policier.

Keiko ouvrit sa bouche puis la referma. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle devait penser de ce genre de phrases. Yuu ne semblait pas être le genre de personne à tomber amoureux d’une fille et choisir le même métier d’elle pour passer du temps avec elle. Non, peut être qu’il avait pris conscience de sa « vocation » quand Keiko s’était elle-même exprimée sur le sujet ? Ca devait être ça. 

Mais le choix des mots... Ouvrir la voie vers une ambition ou une vocation n'est pas une "raison" à proprement parler non ? Keiko avait beau être parano, dès qu'il fallait fuir une situation sentimentale inconfortable, elle laissait tomber volontier sa perspicacité et se mettait des œillères. 

- Oh ? Tu n’y pensais pas avant que j’en parle en prépa ? Pourtant à ce qui se dit, tu es fait pour le métier !

Elle cacha son léger trouble en mangeant. Non, mais pourquoi il sortait ce genre de chose sur ce ton-là ? Heureusement qu’elle était sûr de ne pas lui plaire, elle ne voulait pas ce genre de rapport avec lui – déjà il était trop petit, et elle n’était pas attirée par les mecs plus petits qu’elle – et puis c’était son collègue. Il ne faut pas tout mélanger, dans la vie. Du moins, c’était sa vision des choses à cette époque. 

Il ne répondit pas encore, ayant la bouche pleine. Keiko pu donc ajouter : 

- Ah, c’est chaud !

Elle comptait continuer son repas en silence, mais s’il voulait parler, elle n’allait pas le lui interdire. Keiko prit une nouvelle bouchée mais souffla délicatement dessus avant de l’enfourner cette fois.

- C’est ça !

Keiko lui adressa un sourire, entendu. Elle continua de manger en silence pendant un petit moment. Il reprit ensuite la parole et elle l’écouta religieusement. Elle avait oublié depuis le temps qu’il faisait partie des gosses de riches. A l’époque de Seika, il agissait de manière plutôt simple, pas de façon ultra prétentieuse comme certain. 

- Hm, je vois ! C’est vrai qu’il y avait eu pas mal de vagues avec les gangs.

Les Crows n’avaient pas pris part à ces guerres, et c’était pas plus mal. Elle aurait eu du mal à les tirer de ce genre d’affaires ou à nier son implication profonde vis-à-vis du groupe. Enfin, ils se bagarraient parfois mais n’étaient pas vraiment du genre à tuer quelqu’un. Elle avait presque fini son assiette, mais elle n’avait plus faim.

- Enfin, y a toujours du travail malheureusement à la crim, non ? C’est dommage dans un sens… Tous ces morts. 

Le monde était imparfait, et il y avait des psychopathes partout… Elle pouvait concevoir qu’un crime passionnel pouvait être commis, mais Keiko avait beaucoup de mal avec les tueurs en séries, qui éprouvaient du plaisir la dedans … Pour eux ils étaient contre nature. Ils ne devraient pas exister et leurs parents devraient s’en vouloir toute leur vie d’avoir engendré pareil immondice sur terre. 

- J’ai bien mangé ! C’était excellent.

Elle but une gorgée d’eau. 

Keiko écouta avec attention la remarque de son sensei. Après tout, elle avait beaucoup à apprendre de Yuu. Elle lui sourit quand il parla d’équipe d’enfer. Elle, elle préférerait que l’enfer reste sous terre et qu’ils vivent le plus en paix possible. Enfin, elle était contente de retrouver un camarade de Seika. Au moins, elle savait qu’elle s’entendait bien avec lui et qu’elle n’aurait pas de problème comme avec ses autres collègues. 

- On y va ? J'ai encore un peu de temps devant moi. Tu veux te poser quelque part ? Si tu dois y aller, je peux comprendre aussi.

- Hm, j’ai du travail alors je vais y aller bientôt. Mais on peut faire un petit tour si tu veux. 

Elle fut gênée qu’il paye le repas. Ce n’était pas un rendez-vous galant alors il n’y avait pas de raison à ça ! Mais d’expérience, Keiko savait que les hommes n’aimaient pas ce genre de réaction, mais elle ne voulait pas laisser quelque chose d’ambigu. Elle se dit qu’elle payerait la prochaine fois, pour compenser. Elle n’aimait pas avoir des dettes.

La japonaise s’inclina poliment devant le cuisto et lui promis qu’elle reviendrait lorsqu’il lui demanda son avis sur sa cuisine. Après tout, elle avait très bien mangé, même si la portion était un peu trop importante. Elle sorti ensuite du restaurant, suivant Yuu.

Elle lui adressa un sourire, avant de remettre une de ses mèches en place. 

- Merci pour le repas, la prochaine fois je t’invite. 

- J'espère bien ! Pour fêter ton entrée chez nous.

- Oui.

Keiko lui adressa un sourire. Elle était encore sur son petit nuage, celui de s’approcher de son but. Même si son but n’était pas une fin en soi, mais un nouveau départ. 

- Du coup, on peut aller faire un petit tour dans le parc, ce serait dommage de ne pas profiter de ce joli temps.

- C’est vrai. Profitons avant que ce ne soit la saison des orages. 

Elle lui emboita le pas et ils commencèrent à marcher côte à côte, à une distance respectable l’un de l’autre. Pas proches comme des amis, mais pas loin non plus comme des inconnus. Keiko aimait maintenir une certaine distance entre elle, et les autres. Le respect de son espace vital était très important pour la japonaise. 

- Et sans indiscrétion, tu bosses sur quoi en ce moment du coup ?


- On doit filer un coup de main à la section qui gère les trafics de drogues. Ils sont sur un gros coup, et ont besoin de la police de proximité pour jouer les taupes, laisser trainer leurs oreilles, prendre des photos. 

Elle lui adressa un sourire. C’était toujours mieux que de faire traverser les mémés ou d’arrêter les tagueurs. Cependant, ce domaine était sensible pour elle. Si elle croisait Esai dans l’exercice de ses fonctions, elle serait obligée de l’arrêter. Elle espérait qu’il ne continuait pas sa petite affaire, mais elle n’était pas dupe. Surtout depuis qu’ils n’étaient plus ensemble. 

Entre Esai et les Crows, faire son travail se révéler être difficile. Elle essayait de rester la plus droite possible, selon sa propre vision du bien et du mal. Parfois elle se demandait si arrêter volontairement Esai ne serait pas mieux pour tout le monde. Après tout, sa drogue était vendue à des jeunes, qui pouvaient gacher leurs avenirs. Mais elle l'imaginait mal derrière les barreaux. Il était déjà si cadavérique dans l'état en ce moment.

Ca restait agréable de se balader par ce temps de printemps, la grande perche ne gênait pas vraiment le policier et ce dernier l'écouta d'une oreille. Il remarqua la distance imposée par Keiko et il la respecta tout en marchant nonchalant les mains dans les poches. Il la regarda avant de surenchérir.

"Ah du coup toi aussi tu travailles sur les gangs au final, tu ne vas pas être dépaysé en arrivant la prochaine fois."

Il lui sourit avec un air taquin.

"Et tu as entendu des nouvelles croustillantes ces derniers temps ? Entre collègues, on peut tout se dire non ?"

Il laissa la jeune femme répondre en écoutant attentivement si elle avait entendu des brides sur les différents meurtres orchestrés par le japonais. Pendant ce temps là, ils trouvèrent un banc où s’asseoir, devant la fontaine du parc. Yuu avait diriger la marche et s'était assis en premier, se laissant aller et ne laissant pas vraiment le choix à son ancienne camarade. Il ne fut pas brusque dans ces gestes mais machinalement, si Keiko voulait discuter avec lui, elle devait le suivre dans sa marche.
Une fois la réponse obtenue, il enchaîna directement sans laisser vraiment le temps à la jeune flic de rebondir dessus. Yuu savait ce qu'il faisait et il prit une voix moins enjôleuse.

"Tu sais tout à l'heure je ne t'ai pas vraiment raconter la vrai raison de pourquoi je suis devenu flic... Tu en fais partie bien entendu car tu m'as donné la voie à suivre mais... Je suis flic maintenant, c'est pour rendre fière Ameiko lorsqu'elle se réveillera."

Le beau brun marqua une pause, il ne manquait plus que les caméras et la musique triste pour enrober le tout. Il sourit intérieurement, le psychopathe ne pensait pas un seul instant que sa soeur se réveillerait un jour et il espèra même qu'elle ne se revéille jamais, elle le détesterait du aux horreurs commises racontées et au moins dans cet état, la pauvre lui appartenait totalement.
Il reprit.

"Car oui, j'ai espoir et je sens au fond de moi qu'elle se réveillera un jour. Donc autant être le parfait petit frère justicier non ?"

Il se tourna vers la japonaise et lui fit un sourire radieux et sincère. Vu de l'extérieur cette révélation devait être touchante. Ce petit manège avait pour but de se dévoiler un peu afin d’appâter le poisson. Sa future collègue allait-elle emboîter le pas ?

- Ah du coup toi aussi tu travailles sur les gangs au final, tu ne vas pas être dépaysé en arrivant la prochaine fois.

- Hm, c’est vrai qu’il y a eu pas mal de meurtres liés aux gangs.

Elle passa les mains dans les cheveux. En tout cas, elle, elle ne bossait pas sur les gangs mais plus sur la mafia qui avait instauré un sacré réseau.

- Et tu as entendu des nouvelles croustillantes ces derniers temps ? Entre collègues, on peut tout se dire non ?

- Hm, en fait, on ne bosse pas sur des gangs. Mais sur la mafia. Donc on évite de trop en dire, vu leur influence et tout ça.

C’est vrai que les yakuza restaient un symbole mais aussi une sacré réalité au Japon. Keiko était heureuse de ne pas avoir à tremper la dedans directement. Elle plaignait les collègues qui étaient infiltrés. Ce genre de mission, ce n’était pas vraiment pour elle. La japonaise suivit Yuu sur un banc et pris place. Le cadre était plutôt joli.

- Tu sais tout à l'heure je ne t'ai pas vraiment raconté la vrai raison de pourquoi je suis devenu flic... Tu en fais partie bien entendu car tu m'as donné la voie à suivre mais... Je suis flic maintenant, c'est pour rendre fière Ameiko lorsqu'elle se réveillera.

Keiko avait déjà « rencontré » la sœur de Yuu. Une fois, alors qu’ils s’étaient croisés après le travail, elle l’avait suivi à l’hôpital. Il lui avait avoué que sa sœur avait tenté de se suicider mais qu’il ne connaissait pas les raisons de ce geste. Elle s’était sentie désolée pour la jeune femme à la beauté angélique, mais aussi pour son frère. Le pauvre venait souvent lui rendre visite… Ca avait dû lui faire un tel choc. Keiko n’imaginait pas perdre son frère comme ça.

- Oh…

Elle fut prise d’un élan de compassion pour le jeune homme.

- Car oui, j'ai espoir et je sens au fond de moi qu'elle se réveillera un jour. Donc autant être le parfait petit frère justicier non ?

Keiko hocha la tête.

- Hm, oui je vois. Tu as raison, si elle se réveille elle sera sans doute heureuse de voir que tu as continué à faire de ton mieux !

Elle posa sa main sur celle du jeune homme, sans arrière-pensée, mais seulement par compassion.

- Hm, oui je vois. Tu as raison, si elle se réveille elle sera sans doute heureuse de voir que tu as continué à faire de ton mieux !

Faire de son mieux... Yuu trouva cette réponse dégueulasse. A quoi bon faire de son mieux dans un monde si plat et insipide ? Depuis qu'il était rentré dans la police, il voyait des attrocités sur les scènes de crime, des collègues qui préféraient parler de hentai que de l'enquête d'une femme violée, parfois de la corruption... Tout cela lui confirmait que les humains sont laids... La face cachée de l'Homme, le beau brun la connaissait que trop bien. Il en était le parfait exemple, de ce que la nature humaine pouvait avoir d'horrible en elle...

Briser la nuque de cette jeune femme assise à côté de lui alors qu'elle ne le méritait surement pas ne lui aurait rien fait, juste sur un coup de tête alors qu'ils se connaissaient depuis maintenant quelques années. Il aurait pu le faire sans regret, sans plaisir, sans sentiment.  Le seul moyen qu'il avait trouvé afin de ne pas s'ennuyer à mourir dans ce monde, c'était de jouer avec ses congénères et de voir jusqu'où les gens étaient prêts à faire de leur mieux, que ce soit pour se relever d'un drame ou tout simplement pour survivre ? Est-ce qu'Ameiko avait fait de son mieux lorsqu'elle eut décidé de se suicider ? Est-ce qu'elle avait fait de son mieux pour rendre son frère heureux ?

Le regard de Yuu était perdu dans le vide, ne sentant même pas la main réconfortante de la policière. Il reprit ses esprits au bout de quelques secondes et regarda la jolie brune.

"J'ai un peu cassé l'ambiance là non ? Excuse moi."

Il lui sourit. Le jeune homme avait déjà mentionné à Keiko le fait que cela ne lui faisait rien d'en parler ouvertement. Il serra légèrement la main de la japonaise en guise de remerciement puis s'en détacha avant de se redresser sur le banc. L'eau de la fontaine produisait un son reposant et les oiseaux brisaient le silence qui s'était installé.

Au final, pourquoi Yuu faisait ça ? La question tourna quelques secondes dans sa tête et la même réponse vint sans cesse. La nature lui avait donné cette supériorité naturelle, il était intelligent, beau gosse, gosse de riche... et par cette supériorité dont tout le monde le félicitait, il s'ennuyait mortellement.
Le fait de faire souffrir les autres tout en évitant les retours de baton, cela lui permettait de se montrer à lui même qu'il était plus fort que n'importe qui, n'importe quoi. En bonus, l'adrénaline procurée par toutes ces situations dangeureuses, Yuu ne pouvait plus s'en passer, il se sentait vivant, le temps passait plus vite. Si seulement sa soeur ne l'avait pas abandonné...

Il regarda l'heure et se leva tout en s'étirant. nonchalant, il se retourna vers la jolie brune.

"Ca m'a fait vraiment plaisir ce moment passé avec toi. J'ai hâte qu'on forme ce duo, on a enfin atteint nos objectifs tous les deux."

Il paraissait heureux pour elle. Des milliers de façon de la briser en morceaux flashaient dans sa tête et le japonais sourit de plus bel. Il attendit que la jeune femme se soit relevée avant de partir avec elle. Le beau brun n'était en aucun cas fermé à la conversation pendant le retour.

- J'ai un peu cassé l'ambiance là non ? Excuse moi.

- Non, non. Tu peux me parler de tout, tu sais ? On est ami je pense.

Quand il regarda l’heure, elle en fit de même sur son portable. Elle ne pouvait pas se permettre de se mettre en retard ! Elle allait devoir bientôt y aller. Elle rangea son téléphone dans son sac. Elle n’en avait pas besoin pour le moment, après tout. Elle lui adressa un sourire. Il était plutôt facile d’être en compagnie de Yuu, étant donné qu’il était tout le temps agréable.

- Ca m'a fait vraiment plaisir ce moment passé avec toi. J'ai hâte qu'on forme ce duo, on a enfin atteint nos objectifs tous les deux.

- Hm, moi aussi ! Fighting !

Elle avait dit ce dernier mot sur le ton de l’humour. C’était une réplique culte des dramas, et même si elle en regardait très peu, elle connaissait ça, comme tous les asiatiques. Keiko se leva ensuite, d’une manière plutôt énergique, comme d’habitude. Elle tapota son ventre. Non, elle n’était pas enceinte, elle avait juste très bien mangé. Et pourtant, elle n’avait pas fini sa portion !

- J’espère que tu me supporteras toujours, quand on sera un duo.

Elle commença à marcher aux côtés de Yuu, ils se quitteraient au commissariat, vu que la moto de Keiko était garée là-bas. Elle eut un sourire en pensant à sa moto. Elle avait tellement dû économiser pour se la payer ! C’était un rêve de gosse qui s’était réalisé.