April's Fool [Keiko]

Dimanche 1er avril

Keiko avait fini son service à 13 heures et elle était rentrée directement chez elle. Elle avait tout d’abord fait sortir Spark, l’emmenant dans une grande balade. La japonaise s’était ensuite douchée rapidement avant d’enfiler un pantalon de sport gris tout doux qui lui servait souvent de pyjama et un t-shirt noir. Ses cheveux séchaient à l’air libre. Elle avait entendu du bruit dans l’appartement à côté. Apparemment le petit vieux était mort donc elle se demandait qui avait déjà pris possession des lieux.

Keiko se fit un thé avant d’ouvrir la fenêtre de son balcon. Elle était au dernier étage d’un petit immeuble et malheureusement, il y avait du vis-à-vis mais cela lui importait peu finalement. Elle pouvait ainsi profiter de prendre l’air en terrasse. D’ailleurs sa terrasse était composée d’un gros pouf, d’une table violette avec deux chaises de couleurs et d’un petit grill-barbecue. Il y avait également un gros panier pour Spark. La terrasse était séparée par celle de l’appartement d’à côté par une simple petite palissade pas très haute.

- Keiko, bonjour !

Le regard de Keiko se tourna vers la voix. Elle posa sa tasse de thé avant de faire le moins mouvement. Elle devint très pâle et pour cause : elle avait l’impression de voir un cadavre. Parce que après tout quand on disparait plusieurs années sans laisser de trace – même pour quelqu’un qui utilise sans autorisation des logiciels au commissariat – c’est qu’on est mort non ? Elle dit à Spark de se coucher avant de s’approcher de la palissade et de sauter aisément par-dessus.

Keiko avança vers Sky qui avait légèrement reculé sur le coup de la surprise. Elle la saisit par les épaules et la secoua plus ou moins doucement. Pas trop fort au point de la violenté mais plutôt fermement tout de même.

- Sky Lee. Alors tu es vivante ? Répondre aux e-mails c’était trop dur ?!

Elle l’avait mauvaise, et pour cause Sky était sa seule amie fille à l’époque où elles étaient toutes les deux à Seika.

- Désolé Keiko... et moi aussi je suis trop contente de te revoir en pleine forme! Hahaha...ha.

Keiko soupira et desserra son emprise sur l’énergique Sky Lee. Cette fille, c’était le vent. Elle déboulait dans votre vie telle une tempête, vous l’appréciez telle une petite brise fraiche d’été et puis elle disparait sans laisser de trace dans la brume.

- Et oui je sais, on a masse à rattraper... Mais on aura tout le temps pour ça désormais!

La japonaise soupira. Passé la surprise elle trouvait sa réaction démesurée. Après tout, Sky Lee et elles n’étaient pas mariées ou ce genre de chose, elle ne pouvait pas lui tenir rigueur de faire ce qu’elle voulait de sa vie. Mais prévenir aurait été la moindre des choses. En tout cas elle avait raison sur un point : ressasser le passé ne servait à rien et il fallait aller de l’avant. C’était le cas aussi dans ce genre de situation. Elle était finalement contente de retrouver son amie et espérait qu’elles s’entendraient toujours bien.

- Tu veux une chips, chère voisine?

- Seulement si tu as de la bière.

Elle lui fit un sourire entendu et se jeta sur une des chaises qui avaient l’air confortable. Tant pis pour le thé, s’était-elle dit. Spark aboya et Keiko lui fit un petit « Tcch. » pour le faire taire. Il se coucha au pied de la palissade.

- ll est arrivé quoi au petit vieux qui vivait ici ?

- La chance! Il me reste quelques bouteilles!

Keiko regarda Sky revenir vers elle. La japonaise préférait les alcools forts aux bières, mais par une belle après-midi en terrasse comme ça c’était rafraichissant. Elle prit une chips, chose qu’elle ne mangeait jamais et trouva cela trop salé.

- Oh il a... eu une attaque cardiaque et est décédé.

Keiko hocha la tête. C’était logique pour un vieux après tout, surtout qu’il ne sortait presque jamais de chez lui. Elle prit la bouteille tendue par son amie et en avala une gorgée.

- C'est un ami de ma famille qui a toujours été très gentil avec moi. Comme il n'avait pas d'enfant, apparemment il m'a légué ses biens. Je te raconte pas le choc en arrivant...

- Ah je vois, toutes mes condoléances alors.

Keiko n’était pas douée pour compatir au décès de quelqu’un. Elle n’était pas douée pour compatir avec. « Souffrir avec » signifiait partager des sentiments avec d’autres personnes non ? Elle avait déjà du mal à vivre avec les siens …

- Je pensais que l’homme que j’ai croisé la dernière fois était de sa famille… Comme quoi les spéculations !

La japonaise but une nouvelle gorgée.

- D'ailleurs, tu fais quoi maintenant, toi? La dernière fois, tu étais en prépa avec Saitô dans mes souvenirs. Quoi de neuf depuis?

Keiko repensa un petit moment à cette période. Cela ne lui manquait pas, elle aimait sa vie maintenant. Elle regrettait peut être les moments où elle était en couple avec Esai, ou ses parties de jambes en l’air avec Saitô avant de tomber amoureuse de lui.

- Hé bien, je suis flic maintenant. Je vais essayer d’entrer à la criminelle bientôt. Je revois Saitô de temps en temps, on continue à se faire quelques soirées.

Elle but une gorgée.

- Et toi alors ? Cette absence ? Ce retour ? Ca dit quoi de beau ?

- Waw, alors c'est ce qu'on appelle prendre les rennes de sa vie!

Keiko avait eu un sourire en entendant ça. Elle avait un moment douté de son futur car elle n’avait pas envie de poursuivre des études, aussi dès qu’elle avait choisi ce métier elle avait foncé la tête baissée. Certes elle n’avait pas eu l’option choisie en premier lieu, la criminelle mais grâce à son stage cela ne serait que tarder.

- Hm... appelons ça surtout un retour sur les bancs de l'école. Comme j'avait loupé mon diplôme de fin de lycée je suis allée le passer en Angleterre. Et tout ça pour revenir et me retrouver enchainée en prépa littéraire pour un pauvre cours si je veux passer le concours d'entrée à l'université. Sinon à côté je fais un petit stage au TokyoJournal.

- Oh ! Je vois, c’est super pour ton stage.

Keiko se demanda ce que Sky avait fait pendant cinq ans … Entre l’obtention de son diplôme du lycée et maintenant elle avait imaginé que Sky aurait déjà fini ses études et commencé un métier. En tout cas, elle savait qu’elle devait mettre toutes ses questions de côtés. Elle avait accepté d’avoir de nouveau Sky dans sa vie, et la jeune fille n’avait aucune obligation de lui dire ce qui s’était passé pendant tout ce temps.

- Au présent, à l'avenir et aux problèmes qui nous empêchent de nous ennuyer!

Elle fit un geste avec sa cannette pour le toast et but une longue gorgée. Les problèmes hein ? Pour l’instant le seul problème de la brune c’était de s’assurer qu’Esai ne dépérissait pas. Il y avait pire comme situation, bien pire.

- Ca te dit qu'on se commande un truc bon comme une pizza ou tacos, pour échanger quelques potins juteux? J'ai toujours été curieuse de ce qui se dit dans un commissariat quand vous êtes que entre vous!

Pizza ? Tacos ? Cela ne faisait absolument pas partie du régime alimentaire de Keiko. Mais après tout, pour une fois pourquoi pas ? Juste pour une fois ça ne pouvait pas faire de mal.

- Vas pour du gras alors !

Elles pouvaient commander maintenant comme dans 4 heures, Keiko revenait du travail et avait faim.

- Oh, tu sais c’est plutôt mouvementé au commissariat. Et je ne suis pas trop appréciée de mes collègues. Ca ne change pas, comme à Seika !

- Comment ça? Ils  se sentent pas à la hauteur, je parie! Tu aurais du voir ce commissaire Matsuda se dandiner à la morgue l'autre jour. Je suis sûre qu'à nous deux nous avons bien plus dans le pantalon que lui! Hahaha...

Keiko soupira avant d’afficher un sourire à son amie. Elle en avait déduis que les filles la jalousait d’être aussi forte qu’un homme et que les hommes craignaient qu’elle ne les surpasse – ce qui était souvent le cas. Ils ne considéraient pas le fait que Keiko se donnait corps et âme dans ce qu’elle faisait d’où sa bonne forme physique et qu’elle-même avait des complexes : comme le concours qu’elle avait raté pour son affectation favorite.

- Oh Matsuda-san est un enfoiré. Il n’arrête pas d’essayer de mater les filles dans les vestiaires.

Elle soupira repensant à tant d’immaturité. Elle l’avait viré des vestiaires avec des techniques de karaté et l’incident avait été porté devant leurs supérieurs respectifs.

- Vous êtes beaucoup? Il doit bien y avoir des gens cool... Hum Pizza Hawaii pour ma part, c'est décidé.

- On est pas mal ouais, mais pour l’instant je ne m’entends bien qu’avec mes chefs. Tu vas me dire, c’est déjà ça. Y a bien un gars qui était à Seika dans ma prépa avec qui je m’entends bien. Il est dans le service que j’essaye rejoindre. Je sais pas si tu le connais : Yuu Otosaka ?

Elle se trouvait bien embêter pour le choix de pizza … Vu qu’elle n’en avait mangé qu’une ou deux fois dans sa vie.

- Ca existe une pizza au saumon ?

- Hum, non jamais parlé... mais le nom me semble familier, j'avoue.

Keiko haussa les épaules. Tout le monde ne pouvait pas connaitre tout le monde après tout.

- Par contre, perso c'est un autre Yu qui me parle plus, haha... disparu dans la nature mais difficile à oublier comme personnage, le Tsuboi.

Le cœur de Keiko se serra a l’annonce de ce nom… Yu avait été son chaton dans un premier temps. Elle l’avait ensuite considéré comme son petit frère. Ils avaient trouvé Spark ensemble. Elle lui avait sauvé la mise une ou deux fois … Elle se rappela les blessures qu’elle avait dû lui soigner. La rage qui l’animait à l’époque. Et il était parti, du jour au lendemain, lui disant adieu dans un bar. Elle avait même cru éprouver des sentiments pour lui malgré sa taille.

Elle partagea un sourire de façade, appliquant son masque sur son visage.

- Tu as pas eu de nouvelles de lui durant ces cinq ans, Keiko?

- Non. Pas depuis qu’il m’ait dit au revoir dans un bar.

Sa voix trahissait malgré elle une certaine amertume. Sky et Yu se ressemblaient plutôt sur ce point. Au moins le garçon lui avait dit qu’il quittait la ville. Keiko se demandait si elle le verrait de nouveau un jour et surtout s’ils seraient de nouveaux amis !

- Enfin bref, c’est comme ça la vie. Les gens viennent, partent. On ne peut retenir personne de force.

Keiko lui adressa un sourire entendu avant de finir sa bière en trois gorgées. Elle posa la canette vide sur la table et muni de son portable mis de la Kpop pour une musique d’ambiance plutôt festive.

- On fait quoi en attendant la livraison ?

- En attendant c'est fiesta entre voisines!

Oh mon Dieu, s’était dit la japonaise. Elle détestait danser quand elle n’était pas soule, et ce n’est pas avec une petite bière qu’elle allait se laisser aller … Surtout sur un balcon avec vis-à-vis. Elle se déhancha légèrement pour faire plaisir à Sky mais c’était au-dessus de ses forces. Hé merde, demain je ne bosse que de l’après-midi … Alors profitons.

- Attends, je reviens.

Keiko laissa son portable sur la petite table et sauta de nouveau la barrière. Elle fit rentrer Spark, bien qu’elle laisserait la porte fenêtre ouverte pour qu’il puisse vagabonder à son aise. Elle se dirigea vers sa cuisine ou elle prit une bouteille de Vodka et une bouteille de jus d’orange. Grace au petit commerce des Crows et à ses relations (surtout sa relation avec Saitô) elle arrivait à avoir un prix sur les bouteilles d’alcool venant de l’étranger.

Elle prit deux grands verres au passage puis arriva devant la palissade et héla Sky Lee.

- Viens ici me débarrasser les mains s'il te plait.

Elle en avait besoin pour passer de nouveau sur le balcon de son amie. Une fois déchargée, Keiko sauta aisément la petite clôture. Elle trouvait cet aménagement vraiment pratique et au final, elle avait gagné au change d’avoir Sky comme voisine plutôt que le vieux chauve. Ce qu’elle trouverait sans doute moins pratique, ce serait quand Saitô irait chercher Sky Lee pour une soirée sulfureuse et non elle … Enfin, c’était le jeu malheureusement.

- Y a pas de fiesta sans alcool !

Keiko leur servit un verre chacune et trinqua.

Keiko décida de boire avant de danser, elle s’adossa donc à la barrière de sécurité de la terrasse et bu une gorgée. Elle appréciait de voir une femme comme Sky Lee : complétement décomplexée et libre. Elle la regardait danser avec aisance, le sourire aux lèvres. Keiko était toujours en tenue de sport, et cela ne la dérangeait pas plus que ça dans ce contexte. Elle ne ressentait pas le besoin de devoir être parfaite en toute circonstance et voyait Sky Lee comme une très bonne amie, qui se fichait de son apparence.

- D'ailleurs, Keiko tu as grandi dans les environs?

Keiko hocha négativement la tête.

- Je viens d’Osaka. Je n’ai plus l’accent ? On me disait au début que j’avais le dialecte de là-bas. J’ai grandi dans une petite ville à côté d’Osaka plutôt. Mes parents tiennent un dojo là-bas. Le karaté c'est un truc de famille.

La japonaise repensa à sa vie d’avant. Celle de son enfance heureuse, puis celle après l’accident. Pour ne pas éviter de tomber dans des pensées trop sombres, elle revint au présent, sourire factice aux lèvres.

- Et toi ? Tu viens d’où en fait ? Je ne t’ai jamais demandé.

Keiko continua de boire son cocktail. Elle avait chargé le sien, ayant envie d’être vite ivre pour se sentir mieux, se sentir plus détendue.

- Wow, ça ne date pas d'hier cet amour pour les arts martiaux, hm. Parfois je me dis que Saitô c'est juste toi, en homme. Les beaux cheveux noirs en moins!

Keiko avait hoché la tête et lui avait fait un sourire. C’ets vrai qu’elle avait pas mal de points communs avec Saitô, mais elle se voyait plus comme une lune à l’instar d’Esai et voyait Saitô comme un astre brillant, radieux et chaleureux : le soleil. Esai la comprenait mieux et Saitô lui apportait une joie de vivre qu’elle avait perdu il y a bien longtemps. Elle adorait les deux et ne s’imaginait pas perdre l’un ou l’autre dans sa vie.

- Oh moi, j'ai vécu avec mes parents adoptifs à Kobe dès l'âge de 14 ans, avant ça c'était le foyer. Mais plus je me regarde dans le miroir le matin et moins j'imagine mes parents biologiques japonais.

Keiko ignorait beaucoup de chose sur Sky et cette révélation renforça l’idée qu’elles devaient apprendre à se connaitre sérieusement. Elle ne pouvait pas imaginer ce que c’était, de ne pas connaitre ses parents, elle qui avait une famille tellement aimante. Famille qu’elle ne méritait pas d’ailleurs avec ses penchants pour la violence, le sexe et l’alcool. En tout cas, c’était sûre qu’elle n’était pas japonaise, elle avait raison.

Keiko ne put cependant pas lui répondre puisqu’elle enchaina instantanément :

- Tu savais qu'à l'époque les européens étaient persuadés que le destin des nouveau-nés était tracé le jour de leur naissance, suivant l'alignement des étoiles? Drôle de croyance...

A croire qu’elle ne voulait pas s’étendre sur le sujet, et elle le comprenait bien.

- Vraiment ? C’est bizarre ouais. Chacun est maitre de sa destinée non ? On a toujours un choix à faire, répondit la noiraude.

Un petit silence s’installa ensuite et Keiko regardait Sky sans vraiment la regarder, méditant sur leurs dernières paroles.

- Keiko, est-ce que tu as déjà...

La japonaise écoutait, intéressée lorsque la sonnette la fit sursauter. Sky alla chercher les pizza et revint rapidement avec le saint graal. L’estomac de Keiko gronda lorsqu’elle sentit l’odeur peu familière de la junk food. Sky lui posa sa boite de pizza sur les jambes et Keiko lui adressa un sourire.

- Bon appétit ! Alors, tu voulais me demander quoi ?

Elle n’était pas du genre à lacher l’affaire.

Keiko, après avoir posé sa question, observa Sky qui semblait se battre avec un morceau d’ananas … ? Son regard suivit la main de la jeune femme et elle pensa a la nuit, il y a un peu plus de 5 ans, où elle avait touché d’elle-même cette poitrine plutôt généreuse. Elle secoua légèrement sa tête. Elle avait essayé une unique fois avec Sky en étant saoule, mais décidément, les filles, ce n’est pas son truc.

Elle détourna le regard sur sa pizza et en croqua un morceau. C’était délicieux ! Un peu trop gras pour le palais de la noiraude qui était habituée à manger des aliments sains et peu transformés, mais tout de même … Ca se valait. Elle se voyait bien manger une pizza, en déprimant pour un chagrin d’amour, devant un drama. Elle chassa cette pensée de sa tête. Encore une fois, cela ne lui ressemblait pas, pour la simple et bonne raison qu’elle ne voulait pas être ce genre de fille.

- Je me demandais juste... si ça t'étais aussi arrivé de souhaiter très très fort la mort de quelqu'un, pis de changer d'avis quand le jour arrive enfin?

Keiko fut heureuse d’avoir quelque chose dans la bouche, pour pouvoir masquer sa surprise. Son instinct de flic était aux aguets, et elle se demanda si la disparition de Sky pendant 5 ans avait à voir avec cette petite question. Enfin, si c’était le cas, elle n’avait tué personne apparemment.

- J’ai déjà souhaité la mort de quelqu’un. Mais avec les années… Si j’avais l’occasion de le tuer maintenant, je pense que je préférerais me dire que je suis passée à autre chose. Que j’ai avancé, et que je ne suis plus enchaînée au passé… Alors je suis heureuse de ne pas avoir eu l'occasion de le tuer plus tôt.

Elle regarda Sky, essayant de comprendre.

- Le vieux chauve t’a fait du mal, tu souhaitais sa mort et maintenant tu regrettes ? Tu peux me parler de tout, tu sais. Tu n’as pas la flic devant toi mais l’amie.

- Le directeur? Nan t'inquiète il est chiant mais je ne veux plus autant l'étriper... ah.

Le directeur de Seika n’étant pas chauve, Keiko se demanda de quel directeur chauve la demoiselle pouvait bien parler… Enfin, avec Sky Lee nous n’étions pas à une bizarrerie près … En tout cas, ça faisait rire sa voisine. Keiko mangea de sa pizza brulante pour se donner une constance.

- Je pensais à son neveu en fait, on se connaît depuis même avant mon adoption et... ce gars est vraiment fou à lier, même si à l'époque je le collais comme un vieux chewing-gum.

- Ah…

Keiko se demanda s’il s’agissait du jeune homme qui venait parfois voir le voisin… Il lui avait dit son prénom, mais elle ne s’en souvenait plus trop. Cal… Quelque chose ? Un prénom étranger. Sky Lee avait été adoptée… Forcément ses parents étaient japonais et elle n’en avait pas le physique. Mais quand même, Keiko avait du mal avec cette idée, elle ne savait pas trop pourquoi. Peut être que ça expliquait en tout cas le fait que Sky soit un électron libre ?

- Pourtant même si j'aime pas l'avouer, c'est côtoyer ce genre de connards qui nous fait un peu grandir, huh...

Hm… Le connard qu’elle avait fréquenté l’avait violé, et Keiko ne s’était pas senti grandie. Certes, elle n’avait plus jamais été la même. Elle n’avait plus jamais était douce et candide… Mais bon, elle ne considérait pas ça comme un mal pour un bien.

- Un grand brun ? Plutôt beau gosse ? Y a un mec qui venait parfois rendre visite au voisin. Ca m’a marqué car à part lui, il ne voyait personne. Cal quelque chose. Je l’ai rencontré plusieurs fois sur le palier. Il était toujours très charmant… Comme quoi, les connards savent bien se cacher !

Elle lui adressa un sourire. Peut-être que ce n’était pas lui, après tout. Mais elle n’avait vu personne d’autre s’approcher du vieux voisin. Keiko engloutit une autre part. Elle commençait déjà à se sentir calée.