Les remords (PV. Arekushia <3 ) [fin]

Arekushia s'était écroulée sur son lit en arrivant dans la chambre après avoir mangé. Elle était complètement épuisée, autant physiquement que mentalement. Cette journée l'avait bien secouée, la rencontre avec les filles qui partageaient sa chambre, et une autre rencontre avec un garçon brun. C'était sûrement cette dernière qui l'avait secouée. Heureusement qu'elle était totalement épuisée car elle n'aurait jamais pu s'endormir ainsi après ce qui s'était passé. Elle avait été méchante, odieuse envers lui et s'en voulait d'avoir agit ainsi. Elle se demanda si elle parviendrait à se rattraper si elle venait à le recroiser dans les couloirs. Il faudrait seulement qu'elle ose aller vers lui car elle doutait qu'il le fasse. Mais d'un côté elle ne pouvait s'empêcher de se dire que tout n'était pas de sa faute.
C'était donc dans cette état d'esprit qu'elle s'endormit pour sept heures de sommeil sans rêve.
Lorsqu'elle se réveilla ce n'était pas parce que son corps s'était bien reposé mais parce qu'elle s'était endormie dans une telle position qu'elle finit par tomber du lit entraînant la moitié de son drap avec elle. Gémissante, elle ouvrit doucement les yeux et tâta le sol à la recherche de son portable pour s'éclairer et voir ce qu'il se passait. Elle le trouva sous un bout de drap et examina la situation s'étant complètement réveillée et n'ayant aucune envie de se rendormir.
La jeune fille quitta donc doucement la chambre sur la pointe des pieds, en pyjamas, et se dirigea vers la salle commune pour réfléchir aux petits problèmes qui la préoccupaient. Et malgré le faits que certains de ses problèmes soient minimes, elle en avait un tas.

La porte s'ouvrit. Celle au carré plongeant, la main sur la poignée de la porte de la salle commune, jeta un coup d’œil discret en passant sa tête par la légère ouverture qu'elle avait créé en ouvrant la fameuse porte. Elle avait eut de la chance que la salle ne soit pas fermée à clef et s'en était réjouie peut-être un peu trop tôt car malgré qu'il soit aux alentours de trois heures du matin, des professeurs étaient peut-être assis sur des fauteuils à discuter de tout et de rien. Puisqu'ils ne faisaient pas de ronde dans les couloirs, elle avait supposé qu'il s'étaient réunis dans la salle commune mais ils devaient être visiblement épuisés par la journée - le voyage devait beaucoup compter dans la fatigue - comme les élèves d'ailleurs. Enfin presque tout les élèves, Arekushia ignorait si d'autres personnes de son âge étaient debout mais elle n'avait croisé personne en venant et n'avait même pas aperçut de lumière au bat des porte, ce qui aurait pu être le signe que des camarades de chambres ne dormaient toujours pas.
La salle n'était pas éclairée. Un bon signe pour la jeune fille qui aurait donc certainement une chance de pouvoir se reposer un peu, seule dans cette grande salle.

Chouette ! Maintenant, j'entre et je pose sur le fauteuil là-bas ! songea-t-elle après avoir repéré le fameux fauteuil en examinant la salle.

Heureusement pour elle, la lumière de la Lune était filtrée par les fenêtres, ce qui faisait que lorsque les yeux s'étaient habitués à la lumière on pouvait distinguer un minimum les murs, les objets, bref tout ce qui pouvait composer une salle commune.

Fidèle à ses pensées, celle au yeux noisette dont les prunelles s'étaient accoutumées à l'obscurité, poussa un peu plus la porte dans un léger grincement digne d'un film de suspens. Elle entra donc une bonne fois pour toute, refermant la porte avec le même grincement. Elle avança donc dans la salle droit vers le fauteuil qu'elle convoitait. Comme le fauteuil lui faisait dos, elle fut forcée de le contourner pour venir s'y asseoir. Tandis qu'elle commençait tout juste à le contourner, elle crut apercevoir des jambes, puis des cheveux. Elle observa donc la forme qui était sur le fauteuil d'un œil intrigué se demandant qui pouvait bien être là à une heure pareil. De plus, elle était surprise de trouver quelqu'un alors qu'elle s'était enfin résignée à croire qu'elle allait être seule. C'est donc sa surprise qui fit qu'elle avait penchée la tête sur le côté pour apercevoir le visage de la personne assise sur le fauteuil et qu'elle s'était légèrement penchée par la même occasion.

- B-Bonjour, excusez-moi... dit-elle confuse sans comprendre ce qu'elle faisait.

La personne assise dans le fauteuil ne réagit pas - du moins question gestuelle - au salut et à l'excuse d'Arekushia qui se demanda l'espace d'une seconde si la personne dormait. Mais cette même personne lui répondit sans répondre à sa question d'une voix qui fit reculer la jeune fille d'un pas.

- Le noir m'effraie mais c'est ma couleur préfère... Etrange ? je le suis... Seul je demeure.

Celle au carré plongeant observa l'ombre sur le fauteuil moins près que quelques secondes auparavant mais légèrement effrayée. Une pensée qui ne l'enchantait pas lui traversa l'esprit.

A... Azur ? songea-t-elle examinant difficilement la silhouette noire pour savoir si elle se trompait ou non.

Le fait que cette ombre puisse être Azur ne la rendait pas folle de joie. Après ce qu'il s'était passé elle aurait bien aimé parler à quelqu'un d'autre. Pour le moment elle aurait préféré n'importe qui, mais pas lui. Aussitôt après avoir pensé cela elle s'en voulut une fois de plus. Comment pouvait-elle continuer à avoir ce genre de ressentiment après ce qu'il s'était passé ? Elle ne connaissait pas du tout l'état du jeune brun. Ce qu'il lui avait récité la laissait penser qu'il devait être effondré mais peut-être vivait-il la chose bien par habitude de passer rapidement à autre chose ? S'il s’avérait que la personne sur le fauteuil était belle et bien Azur, son ton n'annonçait pas quelque chose de bien pour lui comme pour elle. S'excuser ? L'idée ne lui déplaisait pas. Ou presque. Il s'était fait des  idées tout seul et jamais elle ne l'y avait encouragé. En excluant le baiser bien sûr... Elle se sentit aussitôt très bête d'avoir pensé qu'elle n'avait presque pas à s'excuser. Suivant le passé d'Azur il lui était sûrement facile de se faire des idées. Un peu comme elle au fond.
Elle se gratta la tête ne sachant comme elle devait réagir. Elle finit tout de même par répondre :

- E-Excusez-moi, je ne comprends pas ce que vous dîtes...

Toujours anxieuse, elle gardait son regard fixé sur la silhouette assise sur le fauteuil. Elle espéra avoir une réponse claire cette fois-ci et par la même occasion savoir si oui ou non la personne en face d'elle était le garçon rencontré quelques heures plus tôt.

Alors qu'Arekushia s'était excusée, la silhouette noire se leva pour s'expliquer mais pas comme l'aurait imaginé la jeune fille. Il expliqua ce qu'il venait de dire, ce qui ne faisait pas parti de ses espérances.

- Pourquoi le noir, m’attire-t-il ? Alors que ce dernier m’effraye. Pourquoi aimer lorsque c’est pour souffrir. Pourquoi vivre, si c’est pour mourir, tel un Chien !

Celle aux yeux noisette en resta sans voix. C'était bel et bien lui. Et, de plus, il parlait et choisissait ses mots comme si la vie ne l'intéressait plus. Etait-elle si écœurante que cela à ses yeux ? Etait-ce comme cela depuis toujours ou avait-elle était la goutte d'eau qui fait déborder le vase ? Et il ne faisait pas que parler, il pleurait. La jeune fille pouvait voir des petites gouttes briller et tomber le long de son visage pour s'écraser sur le sol. Ses poings serrés tremblaient, comme s'il était plein de rage et qu'il peinait à se contenir.
Arekushia commença à se tortiller nerveusement les doigts, de peur d'avoir abusé. Même si elle ne se sentait toujours pas pleinement coupable de la situation si elle provoquait chez Azur une réaction grave suite à des événements concernant la vie du garçon, elle ne pourrait pas s'empêcher de s'en vouloir et de se maudire. Mais pour l'instant elle n'y parvenait pas malgré sa gentillesse.
Azur tenait aussi quelque chose dans sa main droite. Quelque chose de long.

Une... oreille ? De lapin ? songea-t-elle suivant du regard l'oreille pour y trouver une tête avec une autre oreille tout aussi longue puis un corps, puis des pattes, deux. Oui c'était bien un lapin en peluche. Le garçon devait particulièrement y tenir pour l'emmener ici. Arekushia ne put s'empêcher de penser à Shuka, sa peluche du monde des Moomins. Elle se demanda si Azur se confiait à son lapin comme elle le faisait avec Shuka. Elle sourit intérieurement suite à cette pensée.

- Plus jamais je n’aimerais… A moins qu’elle m’offre une dernière danse…

Celle au carré plongeant l'avait vu à deux reprises bouger les lèvres malgré l'obscurité. Mais c'était seulement la première fois qu'elle n'avait pas entendu le son qui était sortit de la bouche du garçon.
Les larmes continuaient de tomber des yeux d'Azur, passant par ses joues pour s'écraser encore et toujours sur le sol.

- A-A-Azur... bégaya-t-elle tenta de prendre son courage à deux mains et dire ce qu'elle pensait sans plus attendre craignant tout de même d'être trop direct, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Je suis désolée si je t'ai laissé croire quelque chose mais il faut me comprendre, je ne sais pas ce qui m'a pris et je pense t'avoir fait comprendre mes sentiments dès que j'ai pu.

Finalement, elle l'avait fait. Sa phrase ne devait pas être très compréhensible mais elle s'était exprimée du mieux qu'elle avait pu. Elle lutait pour ne pas se faire mal aux doigts à force de se les tripoter, nerveuse. Elle poursuivit répondant au murmure d'Azur.

- L-Le... Le fait que je ne sois pas amoureuse de toi ne veut pas dire que tu ne dois plus y croire, cette danse il faut que tu la donnes à celle qui te mérite, elle ne savait pas d'où elle avait sortit une telle phrase, ce n'était pas du tout son genre de parler de la sorte. Peut-être était-ce la situation qui la faisait parler ainsi ?

Arekushia n'osa pas le regarder en face pour le moment et se contenta de fixer le lapin en peluche pour penser à Shuka, ce qui l'apaisait. L'envie de serrer sa peluche fut si forte qu'elle en vain à placer ses bras autour de sa taille en les croisant laissant un espace infime entre ses bras et son ventre de façon à se sentir mieux.

Aussitôt qu'Arekushia eut fini sa phrase, aussitôt que sa phrase atteignit les oreilles d'Azur, celui-ci se retourna et un sourire sadique s'afficha sur son visage. La Lune ne faisait que renforcer ce sourire en éclairant la moitié de ce dernier et donc du visage du garçon. On pouvait toujours apercevoir les larmes couler et s'écraser au sol. La jeune fille qui observait le lapin se mit à fixer le jeune brun dès qu'il fut retourné. Les yeux grands ouverts elle eut peur. Peur de sa réaction. Qu'allait-il dire ? Est-ce que ses prochaines paroles allaient la blesser profondément ?

- La seule danse que je souhaite c’était la tienne !

Elle n'eut pas le temps de réagir, qu'il s'avança vers elle. Machinalement, elle recula de quelques petits pas tandis qu'il s'approchait. Elle heurta doucement le fauteuil, ne pouvant plus reculer elle fut forcée de s'arrêter. Ses yeux écarquillés reflétaient de la peur, elle ne savait pas de quoi était capable Azur et n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire et pouvait faire. Ce dernier passa alors une main dans le cou de la jeune fille, lui provoquant un frisson, son corps se raidit. Ce sourire effrayant était toujours là. Il ne faisait que renforcer le sentiment de peur de celle aux yeux noisette.
Elle ne remarqua pas qu'il avait lâché son lapin en peluche ne s'en préoccupant plus du tout, elle n'y pensait même plus. Elle fixait Azur dans les yeux et voyait qu'il était dévasté par la rage. Il ouvrit à nouveau la bouche pour se lécher la lèvre puis il ne la referma pas. Du moins pas avant de parler encore un peu :

- Je l’obtiendrais, rien n’est plus important que toi !

La jeune fille voulut ouvrir la bouche pour répondre mais il serra ses doigts autour de son cou. Son regard vacilla sur le poignet d'Azur, n'osant pas tourner la tête elle ne pouvait en voir plus. Lorsqu'elle le regarda à nouveau dans les yeux, il faisait déjà de même. Mais leur regard n'étaient pas les même, celui du jeune brun était sombre et faisait peur à la jeune fille tandis que celui de cette dernière était justement remplit de peur.
Elle voulut à nouveau parler et ne fit que bouger sa bouche sans en sortir aucun son ne sachant pas quoi dire. Il la dispensa de toute parole pour quelques instants.

- Amare et sapere vix deo conceditur !

Arekushia ne savait pas ce que cela voulait dire. C'était pour elle une langue étrangère, elle était incapable de traduire cette phrase.
Cette fois-ci, elle se décida. Elle plaça ses mains à la hauteur de son ventre, au-dessus de son nombril, comme pour faire signe au garçon d'arrêter.

- A-Azur... attends ! Qu'est-ce que tu fais ? prononça-t-elle d'un ton paniqué. Je ne peux pas être elle ! termina-t-elle ne visant la personne qu'Azur méritait. La personne qui méritait de l'aimer et d'être aimée par lui.

Azur s'approcha encore de la jeune fille, ignorant ses paroles et ses mains dressées devant elle qui lui demandaient d'arrêter. Ses mains se replièrent sur elles-même sans qu'elle le veuille, se rapprochant de son ventre laissant le garçon avancer malgré sa volonté de le stopper.

- Et pourquoi pas pour quelques secondes. Et puis je ne suis pas un dieu !

Celle aux yeux noisette n'eut pas le temps de réagir qu'il passa sa main délicatement sur sa joue. Si les sentiments et la situation avaient été autres que ce qu'il étaient, elle aurait apprécié son geste. Mais il la glaça plus qu'autre chose. De plus, maintenant qu'il s'était rapproché, avec la lumière de la Lune elle n'apercevait plus que ce son sourire. Ce sourire qui était toujours le même mais en plus amusé. Tout comme le regard qu'il lui lança avant de tourner la tête vers la porte comme pour vérifier que personne ne pourrait les déranger. Arekushia pria pour qu'il retrouve la raison mais ses espoirs furent détruits lorsqu'il se retourna et se rapprocha encore plus d'elle.
A présent on pouvait sentir la peur de la jeune fille dans son souffle, saccadé traduisant par la même occasion sa nervosité.
Alors, il passa sa langue sur ses lèvres comme s'il se prenait pour un animal s'apprêtant à dévorer sa proie. Sans plus attendre, il embrasse le cou de celle au carré plongeant lui provoquant un énième frisson de peur et d'angoisse.

- Croit tu que je vais m'arrêter à cela ?  Détrompe toi.

Déclara-t-il en lui levant le menton à l'aide de son index.
Là, c'était trop. Elle n'en pouvait plus. Elle ne reconnaissait plus le garçon avec qui elle avait parlé au bar. Il n'était plus du tout le même. Il n'était plus le garçon timide et agréable à côtoyer même s'il ne parlait pas beaucoup.
Elle voulut répliquer mais il monta son index de façon à le poser sur ses lèvres comme pour l'inciter à se taire quoi qu'il arrive. Elle loucha un instant sur son doigt et porta un regard apeuré mais aussi furieux. Comment il pouvait lui faire cela ? C'était injuste il devait l'accepter et la laisser tranquille si ses sentiments étaient si fort qu'il le prétendait.
Il ne sembla pas faire attention à son regard, à vrai dire elle ne sut même pas s'il l'avait regardée avant de caresser ses cheveux d'une main puis de descendre celle-ci sur ses hanches. C'était comme s'il l'empêchait de se manifester. D'abord le doigt sur la bouche pour lui dire de se taire, ensuite la main sur la hanche comme pour l'empêcher de bouger. Et tandis qu'elle se sentait de plus en plus furieuse, ce fut la cerise sur le gâteau. Il l'embrassa. Elle gémit. Elle gémit de peur et de colère. Si elle bougeait, qu'allait-il faire ? Si elle criait, qu'allait-il faire ? Sentant ses yeux s'embrumer, elle rompit le baiser et se laissa emporter.

- A-Azur... commença-t-elle d'une voix faible. Ca suffit, continua-t-elle en augmentant le volume de sa voix. Arrête ! termina-t-elle toujours plus fort sans pour autant en arriver à crier.

Arekushia rouvrit ses mains et les plaqua sur le ventre du jeune brun pour le pousser et le forcer à s'écarter d'elle. C'en était trop. Il avait abusé et malgré son caractère elle était décidée à le lui faire comprendre.

Aussitôt qu'Arekushia poussa le garçon, ce dernier recula et se mordit violemment le poignet. Surprise de sa réaction, elle ramena une de ses mains vers elle tout en en laissant une devant au cas où il viendrait à se rapprocher d'elle comme il l'avait fait une nouvelle fois. Tandis qu'elle ramena sa main vers elle, Azur s'effondra au sol secoué par des sanglots se roulant en boule comme pour se renfermer sur lui-même sans que l'on puisse le déranger.
La jeune fille ne savait que faire mais elle supposa qu'il valait mieux ne pas le déranger à cause de sa position. Elle se dit qu'elle avait raison lorsqu'il se releva lentement après s'être doucement calmé. Elle avait entendu ses sanglots s'atténuer et cesser au fur et à mesure que les secondes passaient. L'adolescente ne put s'empêcher de se sentir mieux. Elle ne voyait plus ce regard qui lui avait fait si peur. Même si la subite réaction inattendue du garçon l'avait beaucoup surprise et qu'elle craignait qu'il ne recommence à être prit d'une folie soudaine, elle fut soulagée de voir qu'il semblait se morfondre et reprendre ses esprits. Mais tout cela n'était qu'une impression.
Alors qu'il se relevait, il cacha sa main et donc son poignet dans sa manche qui se tinta de rouge quelques secondes après. Celle au carré plongeant observa la manche avec de grands yeux, s'étonnant qu'il se soit à ce point mordu. Il s'en était voulut tant que ça ? Ou alors c'était la colère qu'il n'arrivait à évacuer que par ce moyen. Azur cacha un de ses bras derrière son dos et la jeune fille reporta son regard sur ses yeux qu'elle pu apercevoir lorsqu'il leva la tête. Il observa alors autour de lui comme s'il se demandait ce qu'il se passait, comme s'il ne se souvenait de rien. Comment aurait-il pu oublier ?

- Are-Chan… J’ai peur…

Azur lui fit de la peine. Il ne semblait plus s'y retrouver. Mais surtout il avait avoué qu'il avait peur. Pourquoi avait-il peur après ce qu'il venait de lui faire ? Il n'était plus le même. Ce regard sadique, fou même, l'avait quitté. Il semblait terrorisé par la pièce d'après ses nombreux regards autour de lui. Arekushia avait de la peine mais elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir encore. Plus que lorsqu'elle était entrée dans la salle. Mais le sentiment de peur qu'elle avait eut depuis son attitude étrange ne la quittait plus. Elle ne savait plus trop quoi penser du garçon. Elle espérait seulement qu'il ne se remettrait pas à agir bizarrement.
Il ramassa son lapin en peluche par l'oreille reprenant une pose semblable à celle de quand il s'était levé de son fauteuil.
Elle laissa tomber ses bras pour les laisser pendre mollement le long de son corps.

- P-Peur ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est moi qui ai peur ! S-S'il te plaît... dis-moi pourquoi... implora-t-elle n'y comprenant plus rien.

Elle aurait voulu s'avancer vers lui mais elle en avait encore trop peur pour l'instant. Elle se sentait tellement étrange en sa compagnie, il avait agit si bizarrement et si soudainement. Quant à elle, elle ne savait pas ce qui lui avait pris d'agir de la sorte l'après-midi même. Maintenant, elle voulait juste comprendre. Comprendre ce qui lui avait prit à lui.

Azur semblait définitivement perdu. Il regarda une nouvelle fois autour de lui, puis il reporta son regard sur elle. Un regard interrogatif Que ne comprenait-il donc pas ? Comme s'il semblait effrayé, il recula de quelques pas. La jeune fille le trouvait de plus en plus bizarre, elle espéra qu'il lui répondrait dans les secondes à venir sans quoi elle perdrait définitivement son sang-froid et deviendrait folle. Pour elle, la situation était insoutenable. Après ce qu'il avait fait s'il ne pouvait pas lui donner d'explications qu'est-ce qu'elle pourrait bien dire ? "Ce n'est pas grave ça arrive à tout le monde" ? Elle tenta de se calmer en ferma les paupière et en respirant doucement et régulièrement. C'est alors qu'il lui répondit :

- E-Elle, elle est venue.. !!? Dit moi que non !

Instantanément, celle aux yeux noisette rouvrit les paupière, adressant un regard curieux au garçon suivit d'un léger froncement de sourcil. Elle n'eut pas le temps d'avoir une autre réaction qu'il s’effondra au sol mais cette fois, à ses pieds. Il l'avait perdue. Complètement. Elle ne comprenait plus rien à la situation. De qui parlait-il ?
Tandis qu'elle tentait de trouver une explication à tout cela, Azur la regardait d'en bas de ses yeux qui ne cessaient de changer d'émotion.

- Dit moi que non…

Poursuivit-il d'un ton différent que le précédent. Ses yeux n'étaient pas les seuls à changer d'émotion, sa voix aussi. Tandis que les composants du bâtiments craquaient, Arekushia observait le jeune brun, tête baissée. Elle se dit qu'il avait l'air effrayé, terrorisé, par ce elle. Il semblait tellement vouloir qu'elle ne soit pas venue. Mais la jeune fille ne comprenait toujours pas qui était ce elle. C'est pour cela qu'elle parla, quelques longues minutes après lui.

- Elle ? Mais elle qui Azur ? demanda-t-elle prête à l'aider s'il le fallait.

Après qu'Arekushia eut répondu au garçon, ce dernier se contenta de serrer ses mains contre son cœur et de rester ainsi pendant de longues minutes, les yeux brillants tandis que le silence régnait dans la pièce. Il l'observait de ces yeux qui semblaient toujours aussi perdus, troublés. Perdue dans ses pensées, la jeune fille n'entendit qu'à peine un bruit de porte. Ce bruit semblait si lointain qu'elle se crut dans un autre monde. Parfois, elle pensait trop. Et cette fois-ci, c'était le cas. Elle s'imagina un tas de possibilité sur l'attitude d'Azur, sur son passé. Sur presque tout en fin de compte. Même si elle était naïve, elle s'imaginait pleins de choses tout en ne s'y attendant pas. Ce qui, pour elle, rendait la chose encore plus étrange. C'était comme si elle s'y attendait tout en ne s'y attendant pas. Et là, en l'occurrence elle s'attendait à tout. Mais à coup sûr, la réponse du jeune brun l'étonnerait.

- T-tu…

Déclara-t-il enfin après ce silence qui en devenait étouffant. Malgré tout ce dernier s'empressa de revenir au galop pour quelques secondes seulement.

- E-elle ne devrait plus revenir en moi…

Toujours ce elle. Mais qui était-ce ? Parlait-il de la même personne qu'au tout début ? Parlait-il de la personne qui lui était destinée ? Celle au carré plongeant était belle et bien perdue mais elle espérait qu'Azur voudrait bien l'éclairée un peu. C'est pourquoi elle s'accroupi pour arriver à la hauteur de ce dernier. Elle ne sut trop quoi penser du regard qu'il lui lançait. Mais elle tenta tout de même d'obtenir des explications :

- Azur... je ne comprends pas, qui est ce elle ?

Azur lui pris les mains et les serra dans les siennes, le regard emplit de peur. Son regard déteignait sur elle, il s'emplissait de peur mais aussi d'inquiétude. Malgré leur mésaventure, elle commençait à l'apprécier. Malgré le fait qu'il lui fasse étrangement peur, il lui faisait à présent de la peine et elle ressentait l'envie de l'aider. C'est pour cela, que sans réfléchir elle enleva ses mains des siennes pour entourer ses petites mains des siennes. Les serrant elle aussi.

- E-elle… C'est-c'est moi…

Arekushia en restant sans voix. Comment était-ce possible ? C'était ça sa réponse ? Elle était lui et il était elle ? Ils étaient une et même personne ? C'est impossible. A moins... à moins d'être... Non, Azur ne pouvait pas être comme ça.
La jeune fille l'observait avec des yeux ronds sans bouger. Elle vit une larme couler sur son visage.
Elle n'arrivait toujours pas à y croire. Après tout, il avait changé de comportement en seulement quelques secondes. Il l'avait embrassée sans qu'elle y soit consentante, peut-être avait-il était prêt à aller plus loin. Elle se serait débattue mais qui sait ce qui aurait pu arriver ensuite ? Puis il s'était écroulé au sol et avait pleuré pendant quelques instants avant de se reprendre difficilement, devenant une personne fragile très différente de celle d'avant qui fragilisait les gens.
Celle aux carré plongeant supposa alors que elle était la personne qui fragilisait, brisait, les gens. Heureusement elle n'avait pas pu le faire avec Arekushia. Elle avait seulement commencé. Ce regard fou qui était apparu dans les  yeux du garçon, l'oublierait-elle un jour ? Ce regard lui avait fait si peur...
Après quelques minutes de réflexion, la jeune fille ne put que se rendre à l'évidence : Azur était... schizophrène... ? Cela faisait tellement bizarre de penser une telle chose. Surtout du garçon !
Elle ferma les yeux et inspira profondément avant de rouvrir ces derniers. A ce moment-là, elle le regarda et il planta ses yeux dans les siens. Elle eut une pensée idiote, mais pas totalement. Pour elle, c'était comme une lumière dans l'obscurité la plus totale. Sa pensée lui donna un petit sourire dans son esprit. Elle ne sourit pas physiquement mais à l'intérieur d'elle-même. Elle avait l'impression d'apercevoir de la détresse dans le regard d'Azur. Et elle avait envie de l'aider. C'était comme un chevalier secourant sa demoiselle en détresse. Sauf qu'elle était le chevalier - du moins elle avait envie de l'être - et lui la demoiselle en détresse. Etait-ce possible une telle chose ? Est-ce qu'une situation comme celle-là, une histoire même, pouvait finir tel un conte de fée ? Tout compte fait, peut-être pas un conte de fée. Elle ne finirait pas avec la demoiselle - ou plutôt le damoiseau - à la fin de l'histoire, elle ne le voulait pas. Peut-être n'était-elle qu'un personnage secondaire ? Avait-elle le rôle de la marraine ? La bonne fée qui mettait la princesse sur le bon chemin ? Oui, c'était sûrement cela. Elle aiderait Azur à trouvé sa chevalière qui le sortirait de ce cauchemar.
A présent elle était sûre de la situation. Même si cela lui faisait toujours bizarre de pensée qu'il était schizophrène, si elle voulait l'aider, il fallait qu'elle l'accepte. Et le prendre sous forme de conte de fée ou d'histoire un minimum fantaisiste l'aidait à accepter la chose.

- Azur... commença-t-elle sentant que la peur ne la quittait toujours pas. Je veux bien t'aider. Seulement... elle dû faire un effort pour prononcer tous ces mots et encore plus pour avouer la suite. Je crois que j'ai peur d'elle... Mais je veux t'aider.

Au fur et à mesure qu'elle parlait ses mains desserraient celles du jeune brun, légèrement tremblantes. Mais une fois qu'elle eut finit, elle resserra aussitôt les mains d'Azur prise d'un élan courageux et sûre d'elle et de ses propos. Durant une fraction de seconde, elle se sentit totalement ridicule. Elle avançait sûrement des choses qu'elle ne pourrait pas accomplir. Mais elle voulait essayer. Elle voulait essayer pour Azur, ce garçon qu'elle avait envie d'aider et de rassurer pour une raison encore inconnue.

A l'entente et aux gestes d'Arekushia, Azur leva la tête avec un petit sourire en coin. Elle observa ses yeux noirs songeant à ce qu'il pourrait bien dire. Il passa sa main sur son visage pour le caresser. Elle n'y vit que du feu, se disant qu'il se détendait et commençait à être à l'aise en sa présence. Mais elle finit par le regarder avec effroi lorsqu'il lui répondit :

- Qui veux tu aider, si tu ne peut pas t'aider toi même, jeune fille.

Aussitôt dit, le garçon se leva et s'avança vers la fenêtre. Tandis qu'elle était accroupie, ses genoux se laissèrent tomber au sol et ses mains le long de son corps. Elle espéra si fortement que ce ne soit pas elle qu'elle eut peur de penser à voix haute.

- Est tu dans une position favorable ? Tu compte lutter contre moi ? Pauvre folle !

Folle ? Lutter ? Position favorable ? Pendant un instant, la rage s'empara de celle aux yeux noisette. Elle n'était pas folle et comptait bien lutter contre cette "personne" qui s'emparait de l'esprit d'Azur. Elle n'était pas dans une position favorable, et alors ? Rien ne coûtait d'essayer. Elle leva les yeux sur cette personne qu'elle devinait ne plus être le jeune brun à l'intérieur et lui lança un regard noir. C'était tout le courage dont elle sut faire preuve. Car, lorsqu'il - ou elle - se retourna soudainement, tout son courage disparut aussi vite qu'il était apparu. Il s'avança, ou plutôt elle finalement, vers la jeune fille et la saisie par la gorge d'un air menaçant si ce n'était plus. Instinctivement, elle porta ses mains sur celles tenant fermement sa gorge regardant la personne à qui appartenait ces mains avec effroi. Elle sentit la prise se resserrer sur sa gorge et la forcer à se mettre sur ses jambes. Les larmes aux bords des yeux, elle voulut crier mais aucun son ne sortait de sa bouche. Sûrement à cause de la peur qu'elle ressentait mais aussi à cause de sa gorge serrée entre une poignée de main qui ne la lâchait plus. Elle sentait son cartilage thyroïdien se serrer au fond de sa gorge et lui faire de plus en plus mal. Ses mains serraient celles d'Azur, le griffant presque pour le forcer à la lâcher.

- Tu n'aidera personne ! Car je suis la seule ici !

Arekushia ne savait pas ce qu'elle aurait fait s'il ne l'avait pas lâchée. Enfin, elle. Car le garçon, après avoir prononcé ces deux phrases, la relâcha enfin. Elle eut tout juste le temps de le voir secouer la tête et de se la prendre entre les mains, car elle s'écroula au sol ses mains venant comme protéger sa gorge. Genoux au sol, la tête baissée, tentant de ravaler ses larmes toujours aux coins de ses yeux, elle l'entendit chuchoter après qu'il l'ait observée et baisser la tête :

- C'est sans espoir…

La jeune fille osa à peine lever la tête pour vérifier que ce soit bien lui et non elle. Elle le vit se tourner et aller se mettre en boule sur le fauteuil où elle l'avait trouvé son lapin en peluche dans ses bras. Elle l'aperçut légèrement ouvrir la bouche pour parler mais elle ne put entendre ce qu'il disait. Sans le vouloir, elle partit se tasser au fond de la pièce pour se retrouver dos contre le mur, fesses au sol, prenant ses jambes dans ses bras la tête posée sur le tout. Elle l'observait sans rien dire. Ayant trop peur de déclencher une nouvelle apparition qu'elle regretterait. Elle avait toujours envie d'aider Azur, mais revivre une fois de plus la compagnie de elle faisait qu'elle s'empêcher de dire ou faire quoi que ce soit. Elle plongea sa tête dans ses bras, fermant les yeux et retenant un sanglot. Puis quelques minutes plus tard, elle releva la tête et observa le garçon une fois de plus.

- Je... Je ne sais pas si j'arriverai à t'aider... déclara-t-elle honteuse, regrettant aussitôt ses paroles. Elle voulait tenter le coup mais ne voulait plus avoir aussi peur. Elle se sentit mal pour lui. Elle pensait qu'il y avait toujours un espoir mais peut-être n'était-elle pas la marraine qu'il lui fallait ?

La jeune fille resta dans son coin, contre son mur, n'osant plus s'approcher de peur qu'une certaine chose refasse surface.

Arekushia avait avoué qu'elle ne savait pas si elle serait réellement capable d'aider le garçon. Ce dernier leva la tête en silence. Ce silence aurait pu être terriblement pesant pour la jeune fille mais il l'aida à se calmer. Elle reprit doucement ses esprits, se persuadant qu'elle ne referait plus surface. Elle avala sa salive et se rappela la sensation de sa main sur sa gorge. Elle voulut porter sa propre main sur sa gorge mais y renonça en voyant Azur s'approcher d'elle et s'accroupir pour lui caresser la tête. Etait-ce... un geste affectueux ? Elle l'observa avec de grands yeux, étonnée, et l'entendit la rassurer :

- Tu y arrivera.

De plus, il accompagna ces paroles d'un sourire rayonnant. Puis il se leva une nouvelle fois, prenant son lapin en peluche au passage, se dirigeant vers la fenêtre.
Celle aux yeux noisette se leva avec hésitation. Et s'il se retournait et n'était de nouveau plus lui-même ? Elle fronça les sourcils et secoua négativement la tête pour reprendre ses esprits. Elle en avait marre de tout ça et puis si elle se torturait l'esprit en imaginant de telles scènes elles finiraient par arriver un jour ou l'autre donc autant ne plus y penser, cela arrangeait tout le monde.
Le jeune brun se retourna et la salua :

- A demain ~

Tandis qu'il marchait vers la porte de sortie, elle resta sans bouger pendant quelques secondes.

- A-A demain... répondit-elle murmurant à moitié, ne sachant si Azur pouvait l'entendre ou non.

Un léger sourire se dessina sur son visage alors qu'elle sentait vraiment que tout cela finirait bien au final. Pas de cris et de pleures, presque certes, mais ils n'en étaient pas arrivés là. Elle s'empressa donc de le rejoindre prise d'un élan de joie et s'arrêta brusquement mais silencieusement - un miracle que sa maladresse n'ait pas fait des siennes - lorsqu'il lui fit signe de ne pas faire de bruit, la tête dépassant de la sortie sûrement pour voir ce qu'il se passait. Les professeurs s'étaient-ils finalement décidés de surveiller les couloirs ? Ou n'était-ce simplement qu'un client de passage ou quelqu'un s'étant perdu pendant une durant des toilettes ?

Après quelques instants, la jeune fille le vit sortir et fit de même. Le voyant être le plus discret possible elle se mit également sur la pointe des pieds priant pour ne pas gaffer et faire  un vacarme pas possible. Tandis qu'ils montaient les escaliers, elle remarqua les efforts qu'il faisait pour ne pas faire grincer les escaliers, mais ceux-ci s'obstinèrent tout de même à se faire entendre. Et pas seulement pour Azur, Arekushia ne put faire autrement que de les faire grincer malgré ses efforts.

Une fois arrivés au deuxième étage, Azur prit la direction de sa chambre tandis que celle au carré plongeant prenait la direction de sa chambre à elle. Elle l'observa entrer dans sa chambre avant de finalement entrer dans la sienne y découvrant les deux autres étudiantes dormant comme des bébés. Elle observa l'une, puis l'autre, les trouvant très mignonnes dormant à leur façon et alla se blottir sous les draps de son lit. Elle eut du mal à s'endormir mais y parvint quand même malgré le fait qu'elle ne se réveillerai que quelques petites heures plus tard.