Un lien appétissant [PV Violette]

Un lien appétissant

Vendredi 18 mai 2018

En ce vendredi soir, Misao marchait tranquillement dans les rues de Ginza, elle venait de terminer son « après-midi » de baby-sitting. Les enfants avaient été capricieux au début mais avaient rapidement compris que réclamer impatiemment une chose ou une autre ne les amènerait qu'à attendre plus longtemps. Elle ne comprenait vraiment pas les gosses de riches, ils possédaient beaucoup mais jamais assez pour les satisfaire alors que d'autres enfants savaient se contenter de peu.
Les deux enfants dont elle avait eu la garde durant plusieurs heures étaient une fille de 9 ans et un garçon de 7 ans. Le petit, bien qu'un peu turbulent, avait été adorable et l'avait suivi dans toute la maison pendant 15 minutes avant qu'elle ne réussisse à l'installer devant ses devoirs. La plus âgée, quand à elle, avait piqué une crise que la jeune femme avait refusé de lui faire un fraisier avant le repas du soir. Quelle plaie ! Elle n'avait pas cédé mais elle en avait eu envie, tellement envie… Mais se laisser marcher sur les pied n'était certainement pas dans ses habitudes et encore moins lorsqu'il s'agissait d'une minimoy pourrie gâtée par son entourage.

Sortant de ces pensées qui l'exaspéraient, elle soupira. Le matin même, Misao avait tristement constaté qu'un détour par un combini leur serait indispensable. Sa sœur était encore au bureau, elle n'allait donc pas dîner à l'appartement. Il ne lui restait plus qu'à prendre le métro pour aller faire les courses et rentrer.
Alors qu'elle passait devant un grand bâtiment, elle s'arrêta brusquement. Bien qu'elle fut loin de pouvoir se permettre d'entrer dans un tel établissement, la jeune femme posa son regard sur la carte du restaurant. Ces plats lui étaient inconnus et lui semblaient totalement hors de portée. En lisant les menus, elle eut l'eau à la bouche. Elle qui mangeait quotidiennement du riz et des nouilles, elle fut soudainement envieuse de tous ces riches.
Misao se détourna de la carte dont les prix étaient exorbitants et entreprit de reprendre sa route. Cependant, elle eut à peine repris sa marche qu'elle entra en collision avec un fauteuil roulant. Elle se hâta de se reculer et de s'excuser, les joues rougies d'embarras.

- B-Bonjour... Je suis désolée, je n'étais pas très attentive.

Attendant un signe de pardon de la personne face à elle, elle en profita pour la détailler. La femme semblait être plus âgée qu'elle et possédait des yeux marrons ainsi que de longs cheveux bruns. La plus jeune baissa légèrement le regard, celui-ci se posant sur la poitrine conséquente de la brune. Immédiatement, elle releva les yeux, gênée d'en avoir apprécier la vue plongeante.

(c) B-NET

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Immensément surprise par la proposition de l'inconnue, Misao resta figée, seule sa bouche entrouverte témoignait de son grand étonnement. Elle papillonna des yeux quelques secondes, reprenant pieds avec la réalité. Avait-elle réellement bien entendu ? Elle fixa son homologue. L'infirmière de Seika, l'école de riche de Tokyo, venait de lui proposer un repas dans un restaurant de luxe... Vraiment ?
Elle lui offrit un léger sourire embarrassé.

- Hasegawa Misao, étudiante à l'université de Seika. Ravie de faire votre connaissance Madame.

Allait-elle oser ou non ? Grande question... Il lui semblait incorrect de refuser une telle proposition ; cependant, elle ne pouvait pas accepter, son budget ne le lui permettait pas cette folie. N'ayant d'autre choix, elle décida d'être honnête avec la plus âgée.

- Je vous remercie mais je refuse. Je ne veux pas dire que je ne veux pas ! C'est juste que hum... Je n'ai pas le luxe de pouvoir me payer un repas dans un établissement – “de riches” – aussi réputé. Et puis, vous allez me trouver impolie mais venant d'une personne que je ne connais pas, cette proposition peut paraître... assez étrange, non ?

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Déjà mise à mal par le début des paroles de la plus âgée, la volonté de Misao fut encore plus mise à mal alors qu'elle lui rappela qu'elle l'avait heurté. Ne pouvant s'empêcher de culpabiliser suite de ce malencontreux geste à l'égard d'une si gentille inconnue, elle ne put que se résoudre à se plier à sa demande.

- Très bien... Je n'avais rien prévu pour ce soir de toute façon.

Et puis ce n'était pas tous les jours qu'elle se faisait inviter au restaurant par une personne en ayant les moyens. Pour une fois qu'elle croisait une riche généreuse et aimable avec elle, elle ne se voyait pas décliner l'offre. La blonde adressa un sourire à l'employée.

- Je suppose que se faire chouchouter par l'infirmière de Seika n'est pas une chose qu'on peut refuser ! Et pour une fois que je peux manger sainement !

Il était vrai que les plats du combini ainsi que ceux préparés par sa sœur n'était que rarement équilibrés. Les légumes n'était pas toujours présents lors de ses repas, sans compter la viande et le poisson qu'elles n'avaient que peu souvent les moyens de s'acheter.
Sur cette pensée, elle ouvrit la porte du restaurant, attendant que Violette – dont elle ne connaissait que le prénom – passe la première. Elle avait tout de même un minimum de savoir-vivre !

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Misao avait suivi la plus âgée dans le restaurant et avait été étonnée de la voir aussi à l'aise avec le personnel.
Elle se sentait tellement petite à côté d'autant de luxe. Du mobilier jusqu'aux décorations des tables, tout respirait l'argent et l'élégance, deux choses qu'elle était loin de posséder. Alors que l'infirmière s'installait, elle en fit de même bien que toujours embarrassée à l'idée d'être invitée dans un tel restaurant.

Elle prit la carte que la serveuse avait déposée sur la table, juste devant elle. A peine l'avait-elle ouverte que ses yeux tombèrent sur une écriture occidentale. En y regardant de plus près, il lui semblait que la carte était écrite en anglais. Heureusement pour elle, l'établissement avait tout de même ajouté des traductions en japonais, chose plutôt logique étant donné sa localisation.

La carte possédait plusieurs formules. Ne voulant pas profiter de Violette plus qu'elle ne le faisait déjà, Misao décida de prendre la formule simple contenant un plat et un dessert. Cependant, si elle avait une idée de ce qu'elle aimait en général, elle n'avait jamais goûté à de la cuisine occidentale. Peut-être devait-elle demander conseil à la jolie femme ?

– Hum... Excuse-moi... J-Je n'ai jamais eu la chance de manger dans un établissement pareil. Pourriez-vous me conseiller ?

Elle espérait que la jeune femme répondrait positivement à sa demande et qu'elle ne passait pas pour une idiote. N'est-ce pas les enfants qui laissaient les adultes choisir les plats qui leur convenaient le mieux ?

(c) B-NET